mercredi 14 avril 2010

Amour du monde - Christiannisme et politique chez Hannah Arendt

Véronique Albanel



Paru le : 14/04/2010
Editeur : Cerf
Collection : La nuit surveillée
Prix : 38 €

Hannah Arendt est un auteur à la mode, largement commentée en France aujourd’hui. Ses analyses sur le totalitarisme, sur la modernité ou sur la banalité du mal l’ont rendue célèbre. Ses rapports controversés au judaïsme et au sionisme sont également bien connus. Mais sait-on qu’elle fit sa thèse sur saint Augustin ? Sait-on qu’elle dressa un portrait étonnant du pape Jean XXIII, qui figure dans un recueil intitulé Vies politiques, aux côtés de Rosa Luxemburg et de Bertolt Brecht ? Sait-on qu’elle dénonça le silence du Vicaire Pie XII durant la guerre, face au racisme et à l’antisémitisme ? Sait-on enfin que, sans envisager de se convertir, son intérêt pour le christianisme ne s’est jamais démenti ? Certes, Arendt a suivi très jeune, en parallèle de ses études de philosophie, les cours de théologie de Rudolf Bultmann et de Romano Guardini. Sa formation est donc solide. Ses analyses du christianisme surprennent, pourtant, par leur acuité, leur finesse, leur audace et leur actualité. En s’appuyant sur l’enseignement de Jésus de Nazareth – qu’elle compare d’ailleurs à Socrate – elle procède à une vive critique des tendances antipolitiques du christianisme, tout en faisant l’éloge de ses "miracles" politiques : le pouvoir de pardonner qu’elle rattache directement à Jésus, le pouvoir de commencer du neuf et la natalité qu’elle relie à saint Augustin. Mais le plus étonnant est encore ailleurs : c’est son concept d’ "amour du monde" qui permet de dévoiler toute la complexité de son rapport au christianisme, livrant un éclairage nouveau sur l’ensemble de son œuvre. Du souci pour la politique, qui s’impose en 1933, à l’amour du monde, choisi librement en 1955, la pensée d’Arendt ne cesse de s’élargir, dans un dialogue serré avec le christianisme.

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