dimanche 29 août 2010

Mon zombie et moi - La philosophie comme fiction

Pierre Cassou-Noguès

9782021021301FS

Sortie le : 02/09/2010 – Editeur : Seuil – Collection : l'ordre philosophique – Prix : 22 €

Que et où suis-je ?

Après avoir revisité un certain nombre de positions classiques sur la nature et le statut du sujet (celle de Descartes notamment) et de réponses possibles à la question de savoir ce que je suis (une personne ? une machine ?), cette enquête développe une théorie originale fondée sur la notion de figures imaginaires.

On y trouvera une façon nouvelle de faire de la philosophie, s’appuyant sur et passant par la fiction. Cette méthode est mise en œuvre par l’analyse d’une série de figures tirées de la littérature, où sont convoqués des auteurs classiques comme Poe, Maupassant, Nerval, aussi bien que des écrivains de science-fiction comme Wells, Conan Doyle, Stapledon, Ph. K. Dick. S’y ajoutent d’originales fictions imaginées par l’auteur, qui deviennent autant de plans d’expérience philosophique : puis-je, au sens propre, perdre la tête ? être invisible ? intouchable ? habiter un tableau ? être fait de plusieurs morceaux ?

Voici, autour de la question du sujet, un parcours par la fiction d’un pan de la philosophie aussi bien qu’un voyage philosophique à travers la science-fiction.

vendredi 27 août 2010

Une radicalité joyeusement mélancolique - Textes (1992-2006)

Daniel Bensaïd

9782845973862FS

Paru le : 25/08/2010 – Editeur : Textuel – Prix : 19 €

Pour Daniel Bensaïd, la mélancolie n'est pas nécessairement passéiste.
Les leçons des échecs du passé et la mémoire des vaincus de l'histoire peuvent nous aider à forger un autre futur. C'est en ce sens qu'une mélancolie radicale peut se révéler joyeuse. Tel est le coeur du message de ce choix de textes rassemblés dans cet ouvrage du grand philosophe décédé récemment.

L'avenir des humanités - Economie de la connaissance ou cultures de l'interprétation ?

Yves Citton

9782707160096FS

Paru le : 26/08/2010 – Editeur : La Découverte – Prix : 17 €

En parlant de « communication », de « société de l'information » ou d'« économie de la connaissance », on s'aveugle à ce qui est au coeur de notre production de richesse, matérielle et symbolique.
On laisse en effet penser que la connaissance se réduit à une masse de données segmentées, isolées, brevetables et commercialisables comme n'importe quelle marchandise. En choisissant de placer l'interprétation au centre dynamique de nos développements sociaux et au coeur de ce livre dense et percutant, Yves Citton renverse la perspective et révise notre imaginaire du savoir. Il montre que les Humanités, souvent considérées comme poussiéreuses voire inutiles, cultivent une compétence incontournable, celle du geste interprétatif, qui est toujours à la fois reprise de l'ancien et invention du nouveau, au point de rencontre entre traditions collectives et travail de la singularité.
La dynamique propre à ce geste diffus dans toutes nos pratiques est faite de tâtonnements, d'errances et d'erreurs, de suspens, de sauts, de bifurcations, de rencontres, où l'intuition (esthétique) joue un rôle aussi important que la systématicité (scientifique). Très loin de la simple « lecture » automatisée d'informations computables, l'activité d'interprétation s'avère revêche à toute réduction économiste.
Elle demande à être cultivée par un soin très particulier, qui se situe au carrefour des lettres, des arts et de la politique. En se demandant quelles sont les conditions sociales et institutionnelles nécessaires à ce que le travail de l'interprétation puisse s'épanouir au mieux, ce livre situe les Humanités et leur avenir au point névralgique où la production de connaissances se dépasse en une culture de l'interprétation.
Devant l'emballement de la course au profit, l'exacerbation des inégalités sociales et le mur écologique qui nous font face, il suggère qu'une reconsidération des Humanités est indispensable pour quiconque se préoccupe de l'avenir de l'humanité.

mercredi 25 août 2010

Le bord de l'expérience. Essai de cosmologie

Pierre Cassou-Noguès

2

Editions PUF, Coll. MétaphysiqueS, Parution août 2010, 16 €

Les philosophies de la conscience commencent par casser l’expérience en deux : d’un côté, l’univers, peuplé d’événements « objectifs », de l’autre, le sujet et la sphère intime de ses « vécus ». Plutôt que d’essayer à toute force de recoller les morceaux, la philosophie spéculative tente de décrire l’expérience — par exemple, celle d’un après-midi dans un jardin — en faisant l’économie d’une telle notion de la conscience.
La tâche la plus délicate consiste alors à situer malgré tout la subjectivité dans le champ de l’expérience, ou à ses limites — sur son bord. C’est le projet de cet essai. Le concept de « lumière », noué à ceux d’être et d’événement, doit permettre d’analyser l’expérience de la perception et celle du corps propre pour y fixer la position du sujet.
Pourquoi une « cosmologie » ? Parce qu’il s’agit, finalement, de penser la coexistence, sur un même plan, du sujet de l’expérience et de l’événement perçu. Pour y parvenir, l’auteur mobilise un schème conceptuel emprunté à la cosmologie de Whitehead et à l’ontologie du dernier Merleau-Ponty.

Table des matières

Avant-propos
Introduction. — Les paradoxes, le sujet et le temps
Chapitre premier. — Êtres et événements
L'être, l'événement et l'extension
Les types d'être et leur généralité
L'être et le langage
Le rapport d'empiétement
La généralité de l'être et la singularité de l'événement
Apparence et réalité
Chapitre II. — Le champ de coexistence
Les pôles, le noyau et les franges du champ de coexistence
La structure du champ
Chapitre III. — L'intérieur de l'événement
L'intérieur corporel : sensations, organes et émotions
La structure de l'intérieur corporel
Chapitre IV. — L'intérieur et l'extérieur, le sujet
Retour sur l'organe. Les contreparties intérieures et extérieures
Le moment du réveil, le sentiment d'exister
L'expérience de soi, la question des indices intérieurs et la reconnaissance dans le miroir
Chapitre V. — L'autre sujet
La partialité de l'existence, les champs concurrents et les perspectives d'autres sujets
L'autre sujet dans l'extérieur de l'événement
Chapitre VI. — L'espace et le temps
Le système de la Terre et le système du corps
Whitehead et la définition de l'espace et du temps
La relativité de l'espace et du temps : Whitehead, Merleau-Ponty et Claude Simon
Chapitre VII. — Le langage et la peinture comme champs d'êtres et d'événements
Événements et êtres en peinture
Les événements langagiers
Les êtres de l'événement langagier
L'expérience linguistique et le parallélisme
Le sujet du langage

L'identité problématique et ses formes culturelles : autrui et soi en question

L’Art du comprendre, deuxième série, n° 19 – Collectif

1

Ed. Vrin, parution le 15 août, 23 €

Le thème de l'identité occupe une place nouvelle dans l'actualité sociale et politique. En effet, à l'heure de la globalisation et du mondialisme, il semblerait que les identités collectives tendent soit à s'aplanir ou à se recomposer, soit à se rétracter ou se durcir autour de signes sommaires. Les uns voient dans cette évolution la promesse d'une plus haute forme d'humanité ; les autres, la fin dangereuse de figures spirituelles, tutélaires et rassurantes.

Fréquemment utilisée dans les sciences humaines, cette notion d'identité n'a cependant pas fait florès en philosophie. Celle-ci tient à distance un mot dont le sens, se prêtant vite au parti pris, doit être problématisé. Le penser philosophique a ici son mot à dire sur un sujet où l'actualité journalistique et les facilités idéologiques veulent le disputer à l'analyse rigoureuse du concept.

Être soi-même autant que reconnaître l'autre dans sa différence : cette injonction de «la belle âme» ne s'incarne pas si aisément dans le réel. Dès lors, il importe de s'interroger sur ce que signifie ce terme d'identité, qu'il se trouve appliqué à un sujet individuel ou a un sujet collectif. Partant, les rapports entre soi et autrui pourront apparaître dans leurs processus constitutifs.

Ce nouveau numéro de L'Art du Comprendre s'attache donc à cerner les enjeux ontologiques, épistémologiques, moraux et politiques, que recouvre le thème de l'identité. L'ouvrage poursuit ce questionnement à la lueur de penseurs, classiques et contemporains, qui se sont donné pour tâche de comprendre la situation humaine. Il s'agit bien d'ouvrir un parcours propre à l'anthropologie philosophique sans exclure la tradition critique.

 

Le sujet selon Deleuze, entre «moi dissous» et «je fêlé» Fibré de Fitzgerald et fibré de Beckett 5
  par Jean-Claude Dumoncel
Lacan lit Hegel À propos de l'identité subjective 21
  par Piergiorgio Bianchi
L'identité humaine et l'épreuve de soi dans les Essais de Montaigne «Comme un voisin comme un arbre» 39
  par Clotilde Maupin
Individuation et sujet dans la philosophie de Schopenhauer 53
  par Maurie Elie
Humanisme et misanthropie dans l'anthropologie de Wittgenstein 79
  par Christiane Chauviré
L'identité des nations européennes dans la vision de l'histoire de Thomas Carlyle 99
  par René Daval
Identité et différence culturelle chez Vico 113
  par Raffaele Carbone
Espace, politique et différence chez Gramsci 133
  par Fabio Frosini
Identité et métissages narratifs 143
  par Jean-Pierre Faye
Le tremblement du soi Individuation créatrice et conflit armé 153
  par Philippe Forget
Des identités impossibles à l'a(n)-identité Le cas de F.D... 163
  par Lusin Bagla
Identité humaine, culturelle et nationale 183
  par Angèle Kremer-Marietti
Métissages culturels et esthétiques conquérantes Cool, Kawaï et la «New world modernity» 189
  par Thorsten Botz-Bornstein
De la substance identitaire à son champ cultural 209
  par Claude-Raphaël Samama
Recensions 235
In memoriam pour Kostas Axelos

lundi 23 août 2010

Kant face aux mathématiques modernes

Emmanuel Barot et Julien Servois (dir.)

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Ed. Vrin, Bibliothèque 'd’histoire de la philosophie, 2009, 30 €

Mathématique(s), Physique(s) et logique(s) vivent depuis le XIXe siècle une révolution permanente qui fait éclater les paradigmes auxquels Newton, Aristote et Euclide étaient associés. Littéralement apparenté à ces derniers, le dispositif kantien, Critique de la raison pure au centre, fut de façon concomitante profondément remis en cause et son caractère obsolète n'a cessé depuis d'être martelé. L'objectif de ce volume est de montrer au contraire que la philosophie transcendantale, loin d'être une simple pensée du passé, non seulement n'a pas forcément été par soi invalidée par les histoires récentes de la logique et des mathématiques, mais qu'elle a également nourri, autant dans l'aire «anglo-saxonne» que dans l'aire «continentale», et au travers de multiples refontes, de fécondes perspectives.
Quatre contributions croisant ces différentes sensibilités, témoignent en première partie de cette vitalité actuelle du style kantien (J. Hintikka et R. Villko, P. Martin-Löf, J. Petitot, J.-M. Salanskis). En seconde partie sont présentées, traduites pour la première fois, deux contributions de l'École de Marbourg historiquement constitutives du débat : celle de Cassirer, Kant und die Moderne Mathematik (1907), par V. Schaepelynck, et celle du chapitre V de l'ouvrage de Natorp, Les fondements logiques des sciences exactes (1910), par J. Servois, consacré aux concepts de dimension et de nombre.

La Démocratie Délibérative. Anthologie de textes fondamentaux

Recueil édité par Charles Girard et Alice Le Goff

1

Hermann, L'avocat du diable, 550 pages, août 2010, 32 €

(Textes de Bruce Ackerman, James Bohman, Simone Chambers, Joshua Cohen, Maeve Cooke, Jon Elster, James Fishkin, Jürgen Habermas, Cass Sunstein, et Iris Marion Young)

4è de couverture : À quelles conditions une décision politique est-elle légitime en démocratie ? Certains philosophes contemporains affirment que seule une délibération publique et libre entre des citoyens égaux peut constituer le fondement de la légitimité politique dans nos sociétés contemporaines, complexes et pluralistes. C’est au terme d’un échange libre et argumenté de raisons et d’opinions que les citoyens peuvent se prononcer sur l’autorisation de la culture des OGM, choisir un système de retraite, trancher entre des dispositifs fiscaux, ou légaliser l’adoption homoparentale.

Mais pourquoi et comment réaliser un tel idéal de gouvernement par le débat raisonné dans des démocraties représentatives de masse ?

Développée dans les années 1980 en Europe et en Amérique, la « démocratie délibérative » s’est depuis
imposée comme l’un des paradigmes dominants de la pensée politique contemporaine. Ce recueil propose une introduction à ce courant théorique en réunissant des textes fondamentaux, presque tous inédits en français.

Leurs auteurs comptent aujourd’hui parmi les principales figures de la théorie démocratique.

dimanche 22 août 2010

Cités Hors-série 2010 - Retour sur événements

PUF – Août 2010

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Yves Charles Zarka, éditorial

2000 – La tempête : réflexion sur les dérèglements climatiques : Bertrand Guillaume (confirmé), Emmanuel Garnier, MF Steinlé-Feuerbach

2001 – Le 11 septembre : la terreur et ses conséquences : Stanley Hoffmann, Michel Taubmann, JF Mattei (confirmé), Mohamed Sifaoui

2002 – Naissance de l'euro : Jean-François Jacques, Pierre Dockès, Laurent Fabius.

2002 – L’extrême droite au deuxième tour des élections présidentielles : Manuel Valls, Jean-Yves Camus, B. Orfali

2003 – Début de la guerre en Irak : Frédéric Encel, Yves Lacoste

2004 – Tsunami dans l’Océan indien : la médiatisation, tourisme de masse et rapports Nord-Sud : Jean-Pierre Dupuy

2005 – Le non au référendum sur la Constitution européenne : Franck Lessay, Dominique Reynié, Valéry Giscard d’Estaing

2006 – La deuxième guerre israélo-libanaise : Elhanan Yakira, Ilan Greilsammer, Antoine Sfeir (confirmé).

2007 – Election de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République : Daniel Salvador Schiffer, Marc Howlett, Pierre Moscovici, Pascal Perrineau

2008 – La crise financière mondiale : Raphaël Draï, Jean-Paul Betbèze, Pierre-Charles Pradier, Bertrand Jacquillat

2009 – l’investiture de Barack Obama : Barbara Cassin, Vincent Michelot, Philippe Roger

2009 – Les élections iraniennes sous le contrôle des mollahs : Reza Pahlavi, Setâre Enayatzadeh

2010 – L’arrivée du messie : Yves Charles Zarka et alii.

 

vendredi 20 août 2010

Exercices

Jean-François Marquet

1

Paru le : 19/08/2010 – Editeur : Cerf – Collection : La nuit surveillée – Prix : 22 €

Professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, l'auteur, depuis plus d'un demi-siècle, a poursuivi des recherches dans différents champs — la métaphysique allemande, le rapport philosophie/littérature, la gnose et la mystique chrétienne. Ces travaux ont été recueillis jadis et naguère dans différents recueils thématiques. Mais plus important peut-être que les « champs », il y a le chemin sinueux qui les traverse, les relie, et assez souvent s'en écarte, sans jamais cesser d'être secrètement orienté par une unique étoile dont le nom philosophique pourrait bien être « singularité ».
Les textes composant ce recueil représentent autant de bornes et d'étapes sur ce « sentier de pensée », avec notamment l'ensemble des études consacrées par l'auteur à la philosophie française. Le lecteur bénévole est amicalement invité à suivre ce parcours et, si tel est son plaisir, à en dégager le fil.

mercredi 18 août 2010

Revue “Philosophie” n°107

Automne 2010

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Ce numéro s'ouvre par un document exceptionnel, ici édité pour la première fois de manière complète, dans une présentation où Hourya Benis Sinaceur en explicite le contexte, les figures et les enjeux : les lettres adressées de juin 1930 à septembre 1931 par Jean Cavaillès à Étienne Borne. De Cavaillès, on connaît l'ultime écrit intitulé post mortem. Sur la logique et la théorie de la science, où il se livre notamment à une critique approfondie des philosophies kantienne et husserlienne des mathématiques, et les ouvrages ardus que sont Méthode axiomatique et formalisme et le recueil Philosophie mathématique, que leur technicité réserve à des lecteurs rompus aux abstractions mathématiques ; on connaît aussi sa stature intimidante de héros de la Résistance, documentée dans l'ouvrage collectif Jean Cavaillès résistant ou la Pensée en actes. Entre les deux, le spinozisme revendiqué par le penseur a tissé un lien apparemment évident : dans les actes doit régner la même nécessité que dans la pensée mathématique, où toute situation conceptuelle implique ses problèmes spécifiques et trace, pour l'élucidation rétrospective, la voie de leur résolution. Ce groupe de lettres offre un autre visage de Cavaillès, occulté par son image de philosophe anti-subjectiviste et son idée programmatique de philosophie du concept : sa dimension existentielle et charnelle, ses interrogations, doutes et quêtes, mais aussi l'inscription de sa pensée dans un champ problématique multiple – celui de la sensibilité, du corps, de l'histoire vécue et pensée, de l'éthique et de la spiritualité religieuse.
Dans « Corrélation et immanence chez Bergson et Husserl », Paolo Godani confronte les méthodes respectives de Bergson et Husserl en analysant quelques questions fondamentales – notamment la temporalité et la synthèse passive du sensible. L'objet de l'article est de montrer que ce qui sépare Bergson de Husserl ne tient pas au fait que le premier nierait l'a priori universel de corrélation que thématise le second, car Bergson semble au contraire vouloir en élargir la fonction de manière hyperbolique ; mais que là où Husserl maintient cet a priori dans les limites de la subjectivité transcendantale, Bergson tente de l'étendre à une multiplicité de niveaux transcendantaux, qui correspondent à la multiplicité intensive qu'est l'être lui-même.
Penser à soi, est-ce penser à quelqu'un qui se trouve être soi-même, à savoir le sujet qui pense ainsi ? Cette manière de poser la question a été l’oeuvre d’un court article fondateur rédigé en 1957 par Peter Thomas Geach, « Sur les croyances à propos de soi ». Analysant le discours indirect qui rapporte les pensées ou propos d’une personne à son propre sujet – du type « Philippe pense que lui-même est P » –, l'auteur montre que le pronom réfléchi « lui-même » n’a pas le rôle qu'on lui assigne traditionnellement, à savoir celui d'un substitut de nom propre – lequel constitue le paradigme de l’expression référentielle. Ce pronom réfléchi étant l’équivalent in oratione obliqua du « je » in oratione recta, la réflexion de Geach invitait ainsi à une réflexion approfondie sur la nature de la subjectivité. S'attaquant à cette même question dans « Penser à soi », Bruno Gnassounou tente de réfuter les arguments généralement avancés à l'appui de la thèse courante selon laquelle, dans les pensées en première personne, le pronom « je » seraitréférentiel au même titre qu'un nom propre.
D. P.

Sommaire

JEAN CAVAILLÈS
Lettres à Etienne Borne (1930-1931)
Présenté par Hourya Benis-Sinaceur
PAOLO GODANI
Corrélation et immanence chez Bergson et Husserl
PETER THOMAS GEACH
Sur les croyances à propos de soi
Traduit par Bruno Gnassounou
BRUNO GNASSOUNOU
Penser à soi
Note de lecture

vendredi 13 août 2010

Wittgenstein. Le mythe de l’inexpressivité

Sandra Laugier

2

  • Editeur : Vrin (19 mai 2010)
  • Collection : Problèmes & Controverses
  • Parution : mai 2010
  • Prix : 28 €

Wittgenstein est un philosophe du langage, de l’esprit, et en particulier un philosophe de la subjectivité; pas seulement de la grammaire de la première personne, ou de la logique du scepticisme, mais de la subjectivité comme exprimée dans le langage, comme articulation du dedans et du dehors : comme voix humaine.
Le mythe de l’intériorité se révèle, dans cette approche, comme un mythe de l’inexpressivité : on préfère un « privé » inaccessible, muet, à la réalité (corporelle) et à la fatalité du vouloir-dire. C’est bien le réalisme (« la chose la plus difficile », dit Wittgenstein) qu’on découvre alors au bout du scepticisme.

Sandra Laugier, professeur de philosophie à l’université de Picardie Jules Verne, membre du CURAPP (UMR 6054), a publié de nombreux ouvrages sur la philosophie du langage ordinaire et sur la philosophie américaine.

La part du bronze Platon et l’économie

Etienne Helmer

1

  • Editeur : Vrin
  • Collection : Tradition de l'Antiquité Classique
  • Parution : juin 2010
  • Prix : 32 €

Le problème de Platon est plus que jamais le nôtre : quelle place donner à l'économie dans la cité ? Si nous étions assez sages pour être semblables aux cochons de Glaucon, à ces animaux dont les besoins n'outrepassent jamais la limite du nécessaire, nous n'aurions nul besoin de la politique pour pacifier nos rapports et nous civiliser. Mais nous sommes pour la plupart privés de cette sagesse spontanée : le bonheur et la justice dans la cité exigent que les animaux économiques que nous sommes naturellement deviennent des animaux politiques, au mieux persuadé qu'ils y gagnent, au pis - et c'est pour Platon le cas le plus fréquent - ne s'y soumettant que de mauvaise grâce, sous la menace et la contrainte. Seule une politique intelligente et autonome, qui prescrive leurs fins aux pratiques économiques au lieu de se les voir prescrire par elles, pourrait nous faire échapper aux conflits de tous ordres que ces dernières provoquent dans les cités mal gouvernées : conflits militaires, politiques, sociaux et psychiques. Qui, hormis les tenants de l'autorégulation des mécanismes économiques, pourrait aujourd'hui dresser le constat contraire ? Cet ouvrage est le seul entièrement consacré à l'invention pour Platon de l'économie politique.

mercredi 11 août 2010

Jorge Luis Borges & la philosophie

Jean-François Mattéi

2

  • Editeur : OVADIA
  • Parution : 15 septembre 2010
  • Collection : Chemins de pensée
  • Prix : 14 €

Borges hait remonter Si son enfance sa fascination constante pour la philosophie. Son père lui avait fait en effet découvrir, sur un échiquier de cèdre, la course d'Achille et de la tortue. L'auteur de La Bibliothèque de Babel est sans doute l'écrivain qui a le plus souvent fait mention de philosophes dans son oeuvre. Tous, dans la lignée de Platon et d'Aristote, les "éternels antagonistes" de l'histoire, évoquent un univers idéaliste dans lequel les choses et les êtres, ainsi que Borges lui-même, sont les multiples réfractions d'une seule et même identité. Le présent essai sur la philosophie borgienne est accompagné d'un manuscrit inédit de Don Isidro Parodi, dont l'écrivain argentin a utilisé le nom dans certains de ses contes. Il lève un coin du voile sur ce que le penseur appelait, dans son Eloge de l'ombre, mon centre, "mon algèbre et ma clef".

Membre de l'Institut universitaire de France et professeur émérite à l'université de Nice-Sophia Antipolis, Jean-François Mattéi est l'auteur de nombreux ouvrages sur la pensée grecque et sur le monde moderne.

Politiques de Foucault

Jean Terrel

1

Aux P.U.F., coll. Pratiques théoriques, parution en septembre, 27 €

Comment sommes-nous gouvernés ? Quel est en nous le ressort caché de la servitude ? Pouvons-nous être gouvernés et nous gouverner autrement ? Rechercher et dire la vérité peut-il nous altérer et, avec nous, le monde auquel nous appartenons ? En partant de ce laboratoire qu'ont été les cours au Collège de France, ce livre montre comment Foucault s'est déplacé d'une analyse des rapports de pouvoir et de gouvernement à la recherche d une philosophie immanente à la vie dont la politique est la pierre de touche.

Jean Terrel est professeur à l'Université Michel de Montaigne. Il a publié Hobbes : matérialisme et politique (Paris, Vrin, 1994), Les théories du pacte social : droit naturel, souveraineté et contrat de Bodin à Rousseau (Paris, Le Seuil, 2001), Hobbes : vies d'un philosophe (Rennes, PUR, 2008). Il a co-dirigé Foucault au Collège de France : un itinéraire (Bordeaux, PUB, 2003).

vendredi 6 août 2010

Textes clés de philosophie animale

Hicham-Stéphane Afeissa et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (dir.)

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Chez Vrin, coll. « Textes clés », Août 2010 – 12 €

En quel sens pouvons-nous dire que les animaux nous regardent? Sans doute n’ont-ils jamais manqué de retenir toute notre attention; sans doute n’ont-ils plus à se plaindre de nos jours, du moins pour certains d’entre eux, de ne pas être l’objet de nos soins. Mais il semble que leur regard n’ait pu longtemps se réfléchir dans le miroir que nous leur tendions, parce que nos manières de penser et de vivre les traitaient comme des êtres muets et aveugles, et que le miroir leur renvoyait la seule image de l’homme. Ce volume propose quelques-uns des travaux menés ces dernières années en philosophie et en éthique animale qui ont le plus contribué à promouvoir de nouvelles manières d’interroger la différence supposée entre les êtres humains et les animaux, ainsi que la responsabilité morale qui nous incombe dans le cadre des communautés que nous formons avec eux.

Avec des textes de J. Berger, M. Calarco, J. Baird Callicott, G. Francione, P. Guénancia, M. Midgley, M. Nussbaum, C. Palmer, T. Regan, P. Singer

mercredi 4 août 2010

Comprendre Durkheim

Jacques Coenen-Huther

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Juillet 2010 – 19,50 € - Armand Colin - Collection : “Lire et comprendre”

Philosophe, sociologue et moraliste, Émile Durkheim (1858-1917) est entré dans l'histoire comme le fondateur de l'École française de sociologie. Il s'employa à faire prévaloir une conception scientifique de la sociologie. La crise du lien social appelait à ses yeux une réorganisation des rapports sociaux et une moralisation de la vie économique. Il souhaitait clarifier les choix politiques par une connaissance de la société acquise selon des normes rigoureuses de scientificité. Se méfiant de l'introspection, il recommandait d'adopter à l'égard des faits sociaux une attitude mentale comparable à celle qu'exige l'étude des phénomènes naturels.

Cet ouvrage, offrant un bilan critique de l'oeuvre de Durkheim, s'adresse aux étudiants en sociologie et en sciences politiques, aux élèves des grandes écoles, aux enseignants en sciences humaines et sociales ainsi qu'aux chercheurs en sociologie, toujours aux prises avec les dilemmes de méthode auxquels furent confrontés Durkheim et les durkheimiens.

La géométrie des émotions : les esthétiques scientifiques de l'architecture en France, 1860-1950

Estelle Thibault

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Paru le 1er juillet 2010 -  35 € - Editions Mardaga - Collection “Architecture”

À une époque où l'esthétique française affine son statut de discipline scientifique, les architectes convoquent à leur tour un ensemble aux frontières mouvantes, articulant physiologie sensorielle, psychologie ou sociologie, et perméable à des courants plus ésotériques. Jusqu'où ces savoirs guident-ils le projet d'une rationalisation des états affectifs engendrés par l'environnement bâti ? Comment s'ajustent-ils aux débats doctrinaux qui traversent le champ architectural ?

De César Daly à André Lurçat, cet ouvrage propose d'explorer ces tentatives visant à fonder une science de l'esthétique architecturale. De l'éclectisme stylistique au purisme géométrique, l'hypothèse d'un vocabulaire émotif de l'architecture se décline à partir de modélisations variées des processus de perception : associationnisme, théories de l'empathie ou conceptions mécanistes. Se construisent autant de méthodes d'analyse formelle, qui tendent à réduire l'architecture à des composantes géométriques. L'ouvrage révèle des continuités inattendues, entre culture beaux-arts et mouvement moderne ; il met également en évidence les porosités des théories architecturales aux imaginaires scientifiques de leur temps.

L'individu aujourd'hui : débats sociologiques et contrepoints philosophiques

sous la direction de Philippe Corcuff, Christian Le Bart, François De Singly

3

Paru le 1er juillet 2010 – 20 €
Presses universitaires de Rennes, Rennes – Collection “Res Publica”

Les sociologies de l'individu, de l'individualisation et de l'individualisme constituent un des secteurs les plus dynamiques des sciences sociales contemporaines. Elles s'efforcent de répondre au moyen d'outils scientifiques à des interrogations émergeant de la société quant au pourquoi, au comment et au sens de certaines de ses mutations fondamentales mettant la notion d'«individu» en son coeur. Les textes rassemblés dans cet ouvrage sont issus du colloque «Individualisme contemporain et individualités : regards des sciences sociales et de la philosophie» qui s'est tenu du 14 au 21 juin 2008 au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle. Il a rassemblé la plupart des spécialistes qui font vivre de manière pluraliste et parfois contradictoire ce domaine de la connaissance. Les contributions d'une série de philosophes à ce débat ont permis de l'enrichir, en déplaçant les regards.

On a là un ensemble synthétique rare quant aux points de vue sociologiques et philosophiques disponibles sur une question marquante.

Qu'est-ce qu'une société juste ? : actes du seizième colloque d'éthique économique, Aix-en-Provence, 25 et 26 juin 2009

Centre de recherches en éthique économique et des affaires et déontologie professionnelle

1

Paru le 1er juillet 2010 – 28 €
Presses universitaires d'Aix-Marseille, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)
Collection du Centre d'éthique économique

«Qu'est-ce qu'une société juste ?» est une interrogation vieille comme le monde. Si chacun sait intuitivement ce qui est injuste, la mesure de la justice est plus controversée. Cette question a suscité des débats passionnés autour des formes de la justice (justice commutative, distributive, sociale...), mais aussi des liens entre institutions, personnes et justice : est-ce la société qui est juste ou seules les personnes sont-elles justes ? Les théories contemporaines de la justice ont aussi profondément renouvelé la problématique, notamment autour des débats «justice de résultat», «justice de procédure».

Cet ouvrage propose sur ces questions une approche résolument pluridisciplinaire, avec un regard croisé de philosophes, politistes, théologiens, économistes, sociologues et juristes. Une question aussi complexe ne pouvait être abordée d'un seul point de vue, mais devait faire appel aux principales disciplines des sciences sociales.

dimanche 1 août 2010

Pourquoi désobéir en démocratie ?

Albert Ogien et Sandra Laugier

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A paraître le 16 septembre, Editions La Découverte, 19 €

Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais on ne se révolte pas n'importe comment : en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice, l'inégalité ou la domination est un geste qui doit s'exprimer sous une forme d'action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance civile, héritière de la célèbre « révolte solitaire » du philosophe et écrivain américain Henry David Thoreau : elle consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon non-violente, collective et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce qu'il la juge indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît pas. Cette forme d'action est souvent considérée avec méfiance : pour certains, elle ne serait que la réaction sans lendemain d'une conscience froissée puisqu'elle n'est pas articulée à un projet de changement politique ; pour d'autres, à l'inverse, elle mettrait la démocratie en danger en rendant légitime un type d'action dont l'objet pourrait être d'en finir avec l'Etat de droit. Ce livre original, écrit par un sociologue et une philosophe, analyse le sens politique de la désobéissance, en l'articulant à une analyse approfondie des actes de désobéissance civile qui prolifèrent dans la France d'aujourd'hui, à l'école, à l'hôpital, à l'université, dans des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s'ancrent avant tout dans un refus de la logique du résultat et de la performance qui s'impose aujourd'hui comme un mode de gouvernement. A la dépossession qui le menace, dépossession de son métier, de sa langue, de sa voix, le citoyen ne peut alors répondre que par la désobéissance, dont le sens politique doit être pensé.