dimanche 27 février 2011

Merleau-Ponty : philosophie et mouvements des images

Chiasmi international, n° 12 - numéro coordonné par Leonard Lawlor

9

Janvier 2011 – Vrin – 30 €

Chiasmi international 12 présente un inédit exceptionnel : un extrait du premier cours donné par Merleau-Ponty au Collège de France, l'une des très rares occurrences où il analyse le cinéma en son sens littéral d'art du mouvement. C'est pourquoi un dossier spécifique, « Cinéma et philosophie du mouvement », est ensuite consacré à cette question. Il contient six études, dont celles de deux co-directeurs de Chiasmi international, Mauro Carbone et Pierre Rodrigo. Cette livraison recueille en outre des essais explorant l'ontologie de Merleau-Ponty et sa réflexion sur la danse et la peinture. On y trouvera aussi deux textes particulièrement remarquables : un article de Renaud Barbaras, directeur honoraire de notre revue, et un entretien avec Andrea Camilleri, le célèbre écrivain italien de nouvelles policières dont le travail a été influencé par Merleau-Ponty.

La République de Diogène : une cité en quête de la nature

Suzanne Husson

8

Janvier 2011 – Vrin - Histoire des doctrines de l'Antiquité classique, n° 40 – 25 €

Si la nature permet au sage de mener une vie autarcique se situant au-delà de toute loi et convention sociale, les sages pourraient-ils former une cité ? Diogène de Sinope, en écrivant une République, montre en quoi l'autarcie cynique ne débouche pas sur la solitude de l'individu mais sur une communauté politique, où les relations humaines, délivrées de toute illusion, seraient fondées sur la seule vertu. Cette étude se propose, à partir de l'examen des témoignages fragmentaires et souvent polémiques, de reconstituer la description de cette cité paradoxale, où les règles ordinaires et les interdits les plus fondamentaux sont renversés. En effet, Diogène s'inspire de la République platonicienne, mais poursuit plus loin encore la contestation des institutions, car l'autarcie naturelle tend vers l'abolition de tous types de distinctions sociales entre les hommes, voire entre l'homme et l'animal.

Diogène est à la recherche d'un homme et l'humanité qu'il trouve dans sa République a de quoi déconcerter, mais il s'agit avant tout d'un exercice, d'une épreuve qu'il infligeait à ses contemporains et que, malgré les aléas de la transmission des textes, il nous inflige toujours.

Hans-Georg Gadamer : une biographie

Jean Grondin

7

Janvier 2011 – Grasset - Collège de philosophie – 23 €

La trajectoire intellectuelle de Hans-Georg Gadamer (1900-2002) traverse tout un siècle et a nourri une oeuvre majeure qui, sous le nom d'herméneutique, renouvelle profondément la pensée de l'interprétation et de ses enjeux existentiels. Car, pour un philosophe né en 1900 (soit l'année de la mort de Nietzsche, de l'avènement de la phénoménologie et des ouvrages fondateurs de Freud et de Dilthey), il était naturel que la question de l'«interprétation» fût au centre de toute problématique. Avec Gadamer, cette question reste, non seulement méthodologique, mais se transforme en une caractéristique vitale de notre «mode d'être» et, donc, de ce que nous sommes.

Toute sa vie, en un siècle marqué par bien des tragédies, Gadamer va approfondir sa philosophie de l'herméneutique et voir, avec elle, sa réputation et sa notoriété grandir. Son centième anniversaire, le 11 février 2000, fut un événement extraordinaire en Allemagne. Tous les grands intellectuels de l'époque, Paul Ricoeur, Jürgen Habermas, Karl-Otto Apel, Richard Rorty, Gianni Vattimo et bien d'autres, mais aussi des dignitaires du monde politique, dont le président de l'Allemagne et le premier ministre du Baden-Württemberg (un inconditionnel de Gadamer), se sont rassemblés à Heidelberg pour lui rendre hommage.

Son oeuvre, aujourd'hui, continue d'inspirer de nombreux courants de pensée et méritait, à ce titre que sa vie, comme sa pensée, fût enfin revisitée par l'un de ses meilleurs exégètes. C'est dire que cette biographie - la première en langue française - vient à point nommé pour éclairer la personnalité d'un philosophe essentiel à notre compréhension de la modernité.

Déconstruction et pragmatisme

Simon Critchley, Jacques Derrida, Ernesto Laclau et al.

6

Janvier 2011 - Les Solitaires intempestifs, Besançon - Expériences philosophiques – 21 €

Voici le seul échange public entre Jacques Derrida et Richard Rorty, figures philosophiques centrales de la deuxième moitié du XXe siècle. La discussion, aussi directe qu'amicale, entre ces deux grands penseurs, est éclairée et nourrie par des contributions de Simon Critchley, Chantal Mouffe et Ernesto Laclau. Prenant pour objet la question de la démocratie, ce débat donne à voir dans toute leur ampleur les points d'accord et de divergence entre ces deux traditions de pensée, la « déconstruction » et le « pragmatisme », et constitue ainsi un document précieux pour la question de plus en plus vivace des points de passages entre les philosophies dites continentale et anglo-saxonne.

Le meilleur des mondes possibles : la rencontre entre Leibniz, Malebranche et Arnauld

Steven Nadler

4

Janvier 2011 – Bayard – 26 €

Récit d'une rencontre qui marqua l'histoire des idées, celle de Leibniz, Malebranche et Arnauld à Paris, au XVIIe siècle.

C'est un combat de géants que nous peint Steven Nadler dans cet ouvrage. L'un fut le théologien et polémiste le plus célèbre de son temps, Arnauld ; l'autre, le représentant le plus accompli de la philosophie dominante de l'époque, Malebranche ; le troisième, l'esprit universel le plus brillant de son siècle, Leibniz.

Plus de trois cents ans ont passé depuis leur rencontre et leurs échanges, souvent vifs, sur la justice divine et le sens de l'existence. Mais Loin d'y voir un vestige de la pensée de la fin du Moyen Âge, d'une mentalité encore centrée sur Dieu, bientôt détrônée par les penseurs du siècle des Lumières, Steven Nadler excelle à souligner l'importance de cet héritage.

Dékantations : fonctions idéologiques du kantisme dans le XIXe siècle français

Jean Bonnet

3

Janvier 2011 - P. Lang, Berne - Convergences, n° 60 – 58 €

Le kantisme français du XIXe siècle est à la fois un corpus savant, un carrefour d'idées et une doctrine politique attrape-tout. Cette plasticité lui a permis de prendre place au coeur de l'imaginaire collectif : Renouvier ne lisait-il pas Les Misérables comme une Critique de la raison pratique mise en roman ?

Le kantisme est un aspect central de la naturalisation de la pensée allemande en France. Il a contribué à l'hybridation de la culture française. Les Français ont appris de Kant à désarmer leurs guerres civiles et, en acclimatant le criticisme, ils ont dessiné les figures d'une civilité « cosmopolitique » et d'une laïcité morale transmises par l'école.

Le kantisme est le résultat de décantations complexes qui ont enrichi le plancton de la modernité française. L'auteur analyse le public kantien dans sa diversité, ainsi que l'entrée en scène d'une intelligentsia qui, au-delà des professeurs de philosophie, a peu à peu inclus les classes moyennes instruites.

Guérir la vie : la passion d'Antonin Artaud

Jacob Rogozinski

2

Février 2011 – Cerf – “Passages” – 28 €

Pourquoi écrire un livre sur Antonin Artaud ? Parce qu'il me l'a demandé : impossible de le lire sans être appelé par sa voix. Mais comment répondre à son appel sans le trahir ? Comment lire en philosophe celui qui clamait sa « haine de la philosophie » ? Comment le lire sans le dévorer ni se laisser dévorer par lui ?

Règle de lecture : ce qu'il écrit est vrai. Laissons cette vérité s'affirmer par elle-même sans lui imposer la grille d'une pensée étrangère - et sans prétendre la fixer dans la psychose ou la métaphysique. Pas de cruauté, pas d'impouvoir, pas de schizophrénie, pas de corps sans organes : autant de stéréotypes, de maîtres mots qui font obstacle à la lecture. Pourquoi écrit-il ? Pour sauver de l'oubli ses muses assassinées, ces corps massacrés, tous ces morts « dont le nom n'a jamais passé dans l'histoire ». Pour sortir de l'enfer, pour traverser cette « Poche Noire » où il a sombré, se réapproprier son je, son nom dont il a été dépossédé. Si la folie est l'absence d'oeuvre, le retour du Mômo est une « insurrection de bonne santé », la bonne nouvelle d'une résurrection : il est possible de franchir la mort, de franchir « dieu » pour se refaire un corps. Il est possible de guérir la vie. C'est ce combat contre la folie, la mort et l'oubli, ce combat pour la vérité, que j'ai tenté ici de décrire : en passant de la scène du mythe - de la révolution théâtrale qui devait figurer la vie - à celle du fantasme, de la hantise sexuelle, du père-mère ; puis en remontant vers une dimension plus originaire, vers l'énigme d'une vie sans être, d'une chair qui est moi. Chair déchirée, en quête de son incarnation majeure, chair qui ne cesse de mourir, et pourtant toujours renaissante... Cette vérité du moi-chair qu'il voulait faire résonner dans la langue et le rythme du poème, sommes-nous enfin capables de l'entendre ? (Présentation de l’éditeur)

Une esthétique de la rencontre

Dominique Berthet (dir.)

1

Février 2011 – L’harmattan – L’ouverture philosophique – 21 €

Le terme "rencontre" renvoie à une diversité de situations qui n'ont pas toutes les mêmes implications. Elle est définie à la fois comme un coup de dés, un combat, un duel, une circonstance fortuite, la mise en contact de deux personnes par hasard ou de manière concertée, le fait d'aller au-devant. On parle aussi de mauvaise rencontre et de malencontre. Puisque le même mot désigne des cas de figure aussi différents les uns des autres, il convient de lui donner un relief particulier en l'associant à un autre terme. (Présentation de l’éditeur)

samedi 26 février 2011

Corps vivant et corps vécu : commentaire épistémique de la Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty

Henri Fouda

2

Février 2011 – L’Harmattan – Coll. Ouverture philosophique

La Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) est publiée en 1945. Elle est le résultat d'une réflexion fondamentale sur les travaux de psychogenèse commencée en 1934. Retrouvant, aux sources de la phénoménologie de Husserl, la fondation de l'expérience vécue sur le corps primordial et « le point de vue de la fonction », elle propose une synthèse des approches (Gestaltpsychologie, behaviourisme, psychanalyse) dominantes dans la période des années trente, avec l'approche physiologique des pathologies cérébrales, complétée par une critique de l'induction. Inséparable de La structure du comportement (1942), il s'agit donc d'un essai dialectique de théorie de la méthode. Dans la Physiologia rationalis de l'Architectonique de la raison pure de Kant, comment arbitrer critiquement, au début de l'ère des sciences humaines, entre une épistémologie découlant de la physica et les nouvelles prémisses de la psychologia ?

Cette lecture-commentaire d'un texte charnière de la dissociation ultérieure entre approches scientifique et philosophique du corps, à la fois objet de la biologie et sujet de son monde vécu, analyse les trois « réductions incomplètes » et leurs résidus. La phénoménologie génétique s'appuierait ainsi de manière ambiguë, non seulement sur les données de la psychogenèse, mais sur un socle de concepts fluents et fonctionnels, un savoir métaphysiologique. Ils forment la base d'une oeuvre qui demeure l'une des plus radicales pensées existentielles de l'immanence.

vendredi 25 février 2011

Le corps en acte : Centenaire Maurice Merleau-Ponty (1908-2008)

sous la direction d'Alain Berthoz, Bernard Andrieu

1

Février 2011 - Presses universitaires de Nancy – Collection “Epistémologie du corps”

Le centenaire de la naissance de Maurice Merleau-Ponty a été l'occasion de tenir d'un colloque international au Collège de France les 22 et 23 septembre 2008 par les Pr Alain Berthoz (Professeur au Collège de France et titulaire de la Chaire de physiologie de la perception et de l'action) et Bernard Andrieu (Pr. Epistémologie du corps et des pratiques corporelles à la faculté du sport de l'UHP de Nancy Université) en réunissant nos collègues Salvatore M. Aglioti, Olaf Blanke, Gilles Boëtsch, Denis Cerclet, Natalie Depraz, Stéphanie Dupouy, Anne Fagot-Largeault, Denis Forest, Jean Gayon, Béatrice de Gelder, Julie Grezes, Gérard Jorland, Marc Jimenez, Bernard Lafargue, Dorothée Legrand, Pierre Livet, Catherine Malabou, Lionel Naccache, Jean Luc Petit, Philippe Rochat, Michel Récopé, Emmanuel de Saint-Aubert, Richard Shusterman, Bérangère Thirioux.

Les travaux de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), titulaire de la Chaire de philosophie du Collège de France à partir de 1952 jusqu'à sa mort en 1961, sont aujourd'hui une des références sans laquelle la philosophie du corps, la physiologie de la perception et de l'action, la psychologie du développement et la modélisation in vivo des gestes n'auraient pu constituer leurs champs actuels de recherche : Schéma corporel, Image du corps, Conscience du corps, Chair, Intersubjectivité, Perception... autant de notions encore au coeur des sciences de l'homme et de la nature.

jeudi 24 février 2011

Nietzsche et la critique de la chair

Barbara Stiegler

image

Mars 2011 – PUF – Coll. “Epiméthée” – 36 €

L'analyse de l'auteur est que le « concept de Dionysos » selon Nietzsche, ne conduit ni à l'affirmation inconditionnelle de la vie, ni à celle des corps vivants que nous sommes, mais à leur critique, à la première tentative d'une critique de la chair. Cette critique ainsi engagée reprend celle de Kant et se déplace dans un autre domaine. Il s'agit de partir des exigences de l'excès du flux (Dionysos) qui réclame d'être délimité (Apollon) puis incorporé, organisé et aimé par une oreille en chair (Ariane). C'est la première histoire philosophique de l'amour (et du désamour) entre la chair et le flux.

Table des matières

Introduction. — Dionysos et la critique de la chair
PREMIÈRE PARTIE. — DIONYSOS ET APOLLON
Chapitre premier. La « pensée fondamentale » de la Naissance de la tragédie
Chapitre II. Dionysos : l’archi-unité des vivants
Chapitre III. Apollon : la représentation nécessaire
Chapitre IV. La tragédie : l’excès à la limite
Chapitre V. Socrate : la modernité au tribunal de Dionysos
DEUXIÈME PARTIE. — DIONYSOS ET ARIANE
Chapitre VI. Dionysos disparaît, puis revient
Chapitre VII. Éternel retour : l’excès s’incorpore
Chapitre VIII. Surhomme : l’enfant de Dionysos et d’Ariane
Chapitre IX. Volonté de puissance : en chair et en os
Chapitre X. Transvaluation : Dionysos juge les chairs
TROISIÈME PARTIE. — DIONYSOS ET LE CHRIST
Chapitre XI. La mort de Dieu au nom du dieu
Chapitre XII. La vie éternelle et l’éternel retour de la vie
Chapitre XIII. Le surhomme et l’Idiot
Chapitre XIV. L’oreille en chair et la chair en croix
Conclusion. — Critique de la chair : organiser les conditions

Barbara Stiegler, docteur et agrégée de philosophie, enseigne la philosophie au lycée Louis Weiss (Achères, Yvelines). Elle a également publié, aux PUF, Nietzsche et la biologie (« Philosophies », 2001).

Contre la peur

Dominique Lecourt

image

Mars 2011 – PUF – “Quadrige – 15 €

Ces pages, écrites au lendemain de la chute du mur de Berlin, se voulaient une réflexion sur la fin d'une interprétation scientiste de l'idéal progressiste, très présent dans les pays du « socialisme réel ». Le concept de postmodernité donnait lieu à des batailles d'interprétation. Depuis cette date, la peur de l'incertain se développe, face aux nouveaux risques, le principe de précaution gagne du terrain. Contre le catastrophisme ambiant, l'auteur plaide pour que l'humanité se montre à la hauteur de ce qui lui arrive et que chaque individu assume sa vie pour lui-même et pour les autres.

Dominique Lecourt est professeur de philosophie à l'Université Denis Diderot-Paris VII et dirige le Centre Georges Canguilhem. Auteur de nombreux ouvrages, directeur de la publication de deux dictionnaires (Dictionnaire de la pensée médicale, Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences), il dirige la collection « Science, histoire et société » aux PUF.

dimanche 20 février 2011

Zénon. Le philosophe aux origines du stoïcisme

Jean Hurtado

3

Mars 2011 – Favre – 16 €

Fils d'un marchand phénicien, Zénon naît à Chypre en 333 avant J-C et développe dès son jeune âge un intérêt marqué pour la philosophie, notamment la pensée de Socrate.
Il étudie également la ligne des cyniques (anticonformisme et désinvolture, incarnés par Diogène) puis, à l'âge de 38 ans, fonde sa propre école à Athènes : le stoïcisme. Il est vite très apprécié dans la cité. En 262 avant J-C, Athènes est annexée par Antigone Gonatas. Zénon est honoré comme le plus grand des philosophes quelques mois avant sa mort, on lui élève même une statue de bronze. Aucun de ses ouvrages ne nous est parvenu directement, nous ne connaissons les fondements de son école qu'à travers les écrits de ses disciples, parmi lesquels Cléanthe et Cicéron.
Zénon, tout comme un autre philosophe connu aux idées très différentes, Epicure, ont tout deux vécu une période troublée de l'histoire de la Grèce qui amorçait son déclin à mesure que la Macédoine d'Alexandre le grand conquérait le monde antique. Ils ont proposé, chacun à sa façon, une philosophie adaptée aux hommes désorientés de ce temps : le premier, Zénon, en leur révélant un dieu unique miséricordieux, le deuxième en prônant un pacifisme prudent.
Ces deux philosophes sont plus actuels qu'il ne paraît. Zénon, le grand consolateur, est toujours parmi nous et son esprit s'incarne également dans le christianisme naissant jusqu'à aujourd'hui.

vendredi 18 février 2011

Parole et Silence et autres conférences inédites

Emmanuel Levinas

1

Février 2011 – Grasset – 23 €

On ne saurait trop souligner l'importance du Collège Philosophique et de Jean Wahl dans la pensée de Levinas. Durant sa captivité, il a conçu et en partie rédigé De l'existence à l'existant (1947), premier exposé d'envergure de sa philosophie, mais il est demeuré à l'écart de la vie intellectuelle. Il renoue avec les parties les plus vivantes de la philosophie grâce au Collège Philosophique fondé par Jean Wahl, qui entendait précisément témoigner des bouleversements que l'histoire récente avait provoqués dans l'ordre de la pensée.
Levinas y fut un orateur très assidu : il y prononcera, entre 1947 et 1964, près de vingt conférences, accompagnant ainsi toute l'aventure du Collège lui-même. Certaines de ces conférences furent publiées, et, parmi elles, la plus célèbre, qui fut aussi la première, Le Temps et l'Autre. Mais, sur le moment, d'autres ne le furent pas, bien que Levinas les ait en grande partie conservées. Au nombre de neuf, elles composent aujourd'hui ce volume 2 des Œuvres inédites de Levinas.
Ces conférences constituent un témoignage indispensable pour reconstituer le chemin qui conduisit Levinas à élaborer Totalité et Infini (1961).

Que peut-on faire de la religion ?

Jacques Bouveresse

image

Suivi de deux fragments inédits de Ludwig Wittgenstein présentés par Ilse Somavilla ; textes traduits par Françoise Stonborough

Février 2011 – Agone – 19 €

« Dans le domaine des émotions, déclarait Bertrand Russell, je ne nie pas la valeur des expériences qui ont donné naissance à la religion. Mais pour parvenir à la vérité je ne peux admettre aucune autre méthode que celle de la science. » Aux yeux de Wittgenstein, au contraire, l’idéal religieux était la lumière la plus pure par laquelle nous puissions aspirer à être éclairés, et les hommes qui vivent dans la culture de la rationalité conquérante et du progrès indéfini ont besoin d’apprendre que ceux-ci colorent les objets de leur monde d’une couleur déterminée, qui ne constitue qu’un assombrissement.

Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse est l’un des principaux commentateurs français de Wittgenstein ; il poursuit la réflexion sur les relations entre raison et croyance religieuse qu’il a engagée dans Peut-on ne pas croire ? Sur la vérité, la croyance et la foi (Agone, 2007) et se confronte ici aux idées de deux penseurs majeurs du xxe siècle, Bertrand Russell et Ludwig Wittgenstein, pour qui le rejet de toute religion instituée et des diverses formes d’irrationalisme n’est pas incompatible avec une compréhension de l’expérience religieuse.

Ilse Somavilla, philosophe au Brenner-Archiv (Innsbruck, Autriche), a également édité la correspondance entre Ludwig Wittgenstein et Paul Engelmann, Lettres, rencontres, souvenirs (L’Éclat, 2010).

Si on compare l’idéal spirituel (l’idéal religieux) pur avec la lumière blanche, alors on peut comparer les idéaux des différentes cultures avec les lumières colorées qui sont produites lorsque la lumière pure apparaît à travers des verres colorés. Imagine-toi un homme qui depuis sa naissance vit toujours dans un espace où la lumière ne pénètre qu’à travers des vitres rouges. Celui-ci ne pourra peut-être pas s’imaginer qu’il y ait une autre lumière que la sienne (la rouge) ; il considérera la qualité rouge comme essentielle à la lumière ; et même, en un certain sens, il ne remarquera pas du tout la rougeur de la lumière qui l’environne. L’homme dans la cloche de verre rouge est l’humanité dans une culture particulière, par exemple dans la culture occidentale, qui a atteint au xviiie siècle un de ses sommets – son dernier, je crois. La lumière est l’idéal, et la lumière obscurcie l’idéal culturel. Celui-ci est considéré comme l’idéal tant que l’humanité n’est pas encore parvenue à la limite de cette culture. Mais tôt ou tard elle arrivera à cette limite, car toute culture n’est qu’une partie limitée de l’espace.

L. Wittgenstein, « L’homme dans la cloche de verre rouge »

Dans la parabole de Wittgenstein, l’idéal spirituel, considéré dans toute sa pureté, est identifié justement à l’idéal religieux et celui-ci à la lumière la plus pure par laquelle nous puissions aspirer à être éclairés. Cela permet peut-être de se faire une idée plus précise de la nature du désaccord radical qu’il y a entre lui et Russell sur la question de la religion. Russell, aux yeux de Wittgenstein, fait partie des hommes qui ne reconnaissent qu’une seule source de lumière possible, à savoir celle de leur propre culture, une culture qui s’est efforcée de conférer à la raison et à la science une sorte de monopole et qui a tendance à perdre de vue le fait qu’elle est limitée, à la fois dans le temps (il est possible qu’elle soit déjà proche de sa fin) et dans l’espace (son espace n’est justement pas l’espace ni sa lumière la lumière). Les hommes qui vivent dans des sociétés comme les nôtres, sous la cloche de verre de la rationalité conquérante et du progrès indéfini, ont encore besoin d’apprendre que ceux-ci colorent les objets de leur monde d’une couleur déterminée qui n’est pas la seule qui puisse exister et qui ne constitue qu’un assombrissement possible parmi d’autres de la vraie lumière.
   Il n’en est pas moins vrai que, si Wittgenstein qualifie de « merveilleux » le symbolisme de la religion chrétienne, il ne manifeste, en revanche, aucune tendance à défendre cette religion-là ou une autre quelconque comme constituant une voie d’accès à des vérités de l’espèce qu’on appelle « transcendante ». Comme le dit Joachim Schulte : « Nulle part Wittgenstein ne parle de la religion en termes de doctrine révélée ni de connaissance d’une réalité transcendante. Dans une conversation avec Bouwsma, Wittgenstein dit : « Si vous avez une lumière, je vous dirai : suivez-là. Il est possible qu’elle soit bonne. » Et c’est bien de cette façon qu’il considère le genre de lumière que certains réussissent à trouver dans la religion. Mais il s’agit, de toute évidence, beaucoup plus, pour lui, du genre de lumière qui nous indique une direction à suivre dans la vie que d’une lumière capable de nous révéler un univers de réalités supraterrestres et de vérités qui leur correspondent, qu’elle est à la seule à pouvoir éclairer.

J. Bouveresse, « La chaleur de la foi et la lumière de la raison »

jeudi 17 février 2011

L’ontologie politique de Castoriadis. Création et Institution

Nicolas Poirier

9782228906173

Février 2011 – Payot – “Critique de la politique” – 27,50 €

Dans l'esprit du temps redonner sens à l'idée démocratique comme manifestation de la réflexivité politique par où la société met en question son institution, ne va pas de soi. Qu'il s'agisse des conservateurs ou de certains marxistes, les critiques contemporains de la démocratie rivalisent dans la confusion qui consiste à identifier "le politique" en tant que dimension du pouvoir institué qui existe dans toute société et "la politique", comme agir, comme activité de mise en question de l'institution, selon les visées de sa transformation.

C'est précisément cette confusion qu'une pensée critique comme celle de Cornelius Castoriadis permet de réfuter. En effet, son oeuvre met en valeur le sens véritable de la démocratie qu'il faut entendre comme ce projet révolutionnaire où la société, dans l'action même, découvre qu'il est possible d'entretenir avec elle-même un rapport réflexif, indissociable de son institution. Rapport qui lui permet de ne pas aliéner à une instance extra-sociale - le divin, les lois de la nature ou celles de l'économie capitaliste - sa créativité.

L'objet du livre de Nicolas Poirier est de proposer une interprétation nouvelle de l'oeuvre de Castoriadis, en cherchant à comprendre dans quelle mesure l'institution démocratique doit s'ouvrir au chaos créateur qui ne cesse de la travailler, la société instituante se créant en permanence comme société instituée et comme reprise de cette dernière. L'analyse d'un certain nombre de textes philosophiques de Castoriadis, restés longtemps inédits, permet de saisir la cohérence d'un parcours intellectuel et politique marqué par la volonté de donner un contenu à l'idée d'émancipation. Cohérence qui ne doit pas occulter les moments de rupture : alors qu'au départ, Castoriadis posait le problème de la création à partir de la notion marxienne de praxis, en vue de faire ressortir l'historicité radicale du sujet, il va par la suite repenser l'ontologie traditionnelle en référence à la pensée grecque. Ainsi sera-t-il conduit à appréhender le phénomène de l'historicité en tant que chaos et à dégager le sens du projet démocratique qui consiste pour la société à mettre en question ses lois dans un mouvement d'auto-institution explicite, à portée universelle.

C'est dans ce cadre que sont, pour la première fois, confrontées les pensées de Cornelius Castoriadis et celles de Claude Lefort. Si tous deux convergent pour redonner sens à une pensée politique critique, à partir d'une lecture nouvelle du fait démocratique, ils se séparent à propos de la question du pouvoir. Alors que Lefort s'emploie à montrer que l'agir démocratique ne peut se déployer qu'en référence au clivage originaire du social, Castoriadis va défendre l'idée qu'une politique de l'émancipation doit avoir pour but principal l'abolition de la division entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le contestent. Refusant de séparer la question du psychique et celle du social, Castoriadis cherche à penser en rapport à la psychanalyse le sens d'une dynamique individuelle et politique de l'émancipation, ou mouvement de reprise permanente, de telle sorte que le sujet et la société parviennent à entretenir avec eux-mêmes un rapport réflexif.

Aussi la réflexion que poursuit Nicolas Poirier dans ce livre permet-elle de saisir la signification de la politique comme l'union et la tension de la création et de l'insitution, au sens où ce qui tend à se clore et à se répéter est inséparable de ce qui vient briser la clôture et créer de nouveau.

mercredi 16 février 2011

L'identité, une fable philosophique

Ali Benmakhlouf

1

Février 2011 – PUF – 12 €

Ce livre prend appui sur les analyses logiques et ludiques de Lewis Carroll pour souligner le caractère fictif et labyrinthique de l’identité.
Contre le sophisme du particularisme culturel, ce livre place l’identité dans une réflexion sur la frontière, en abandonnant comme une notion peu opératoire celle d’appartenance. Comment mettre en avant les observations et les expériences plutôt que les convictions ? Cette question, mise en évidence par des philosophes empiristes comme Hume, sert de pivot pour substituer au débat idéologique contemporain sur l’identité, les constructions fictives des philosophes, des constructions rationnelles qui prennent relais des anciennes épopées.  (Présentation de l’éditeur)

lundi 14 février 2011

La Philosophie romantique allemande

André Stanguennec

image

Février 2011 - Vrin, « Bibliothèque des Philosophies » – 24 €

Les textes du romantisme allemand font l'objet de nouvelles éditions et traductions (épistémologie, herméneutique, esthétique générale, théorie de la littérature, philosophie politique) attestant la rigueur proprement conceptuelle de ce mode de philosopher que des interprétations françaises (Béguin, Ayrault, Brion) avaient centré sur une esthétique psychologique.Cette étude entend montrer que le « philosopher romantique allemand » s'avère rigoureux et fécond pour notre (post)modernité, tout en interrogeant la réalité effective d'une « philosophie » romantique allemande.

jeudi 10 février 2011

Penser à gauche. Figures de la pensée critique

Collectif

1

Janvier 20111 – Editions Amsterdam – 21 €

Après l’extraordinaire mouvement d’insubordination généralisée des « années 1968 », la gauche a été littéralement défaite par la contrerévolution néolibérale et les réactions conservatrices qui se sont déployées à l’échelle du monde. Avec la crise financière permanente qui s’impose et s’étend, avec l’épuisement des ressources naturelles et les dérèglements climatiques induits par la logique folle du capitalisme, mais aussi avec la reprise des luttes et des contestations, la donne a aujourd’hui changé.

Une constellation d’activistes, d’analystes, de chercheurs et de théoriciens, s’essaye aujourd’hui à réarmer la critique de gauche. Nous n’avons pas affaire ici à une perspective unitaire : tensions, contradictions et polémiques sont au rendez-vous, et elles ne sont pas près de cesser. Penser à gauche, à travers les contributions de nombre de ces penseurs ou la lecture attentive de leurs ouvrages, voudrait offrir à ses lecteurs une sorte d’instantané au moins partiel de cette constellation, permettant de les saisir dans leur diversité et leurs contradictions.

Avec les contributions de :
Christian Laval, Giorgio Agamben, Michael Hardt, Frédéric Neyrat, Jan-Frederik Abbeloos, Giuseppe Cocco, Frédéric Neyrat, Charlotte Nordmann, Michael Löwy, Fabrice Flipo, Stéphane Lavignotte, Anselm Jappe, Thomas Coutrot, Delphine Moreau, Antonio Negri, Michael Hardt, Thierry Labica, Razmig Keucheyan, Chantal Mouffe, Marc Saint-Upéry, Nancy Fraser, Étienne Balibar, Peter Hallward, Slavoj Žižek, Daniel Bensaïd, Yves Citton, Isabelle Stengers, Isabelle Garo, François Cusset, Partha Chaterjee, Marie Cuillerai, Lila Abu-Lughod, Nacira Guénif-Souilamas, Maxime Cervulle, Stuart Hall, Maxime Cervulle, Jérôme Vidal, Alberto Toscano, Luc Boltanski, Maurizio Lazzarato, Jérôme Vidal, Jacques Rancière.

La ville au loin

Jean Luc Nancy

image

Janvier 2011 - Éditions de la Phocide – 19 €

La ville n'a pas toujours été, elle ne sera pas toujours, elle n’est peut-être déjà plus. Si l’on songe qu’en même temps « la ville » est un motif (un concept peut-être, en tout cas un schème, une sorte de monogramme ou d’emblème) qui converge, confine et consonne avec rien de moins que le motif de la « civilisation » elle-même, on mesure l’enjeu de son existence désormais reconnue transitoire.
D’autre part, la ville par elle-même – la cité matérielle, l’urbs, la place forte devenue simplement place, lieu de connexion, de coagulation et de diffraction en même temps – joue un rôle dont aucune culture rurale n’offre l’équivalent ou le substitut. L’essence de la ville se montre très exactement en cela : un échangeur qui n’enveloppe pas ses propres destinations.
D’avoir trop regardé la ville à l’horizon comme le schème pur, le monogramme de la civilisation, nous en avons perdu la vue ou bien l’image est devenue obscure, confuse, brouillée, obstruée ou oblitérée. N’essayons plus de voir : écoutons les rumeurs inouïes de la ville incivile, au loin, tout près.

mercredi 9 février 2011

L'inhumain

Nicolas Grimaldi

image

Janvier 2011 – PUF - Collection "Perspectives critiques" – 17 €

Indéfiniment perpétré, le massacre des innocents n’a jamais cessé. Aussi l’histoire de l’inhumain est-elle coextensive à celle de l’humanité. Or le paradoxe de l’inhumain est que chacun croit bien faire en faisant aux autres tout le mal possible.
Il suffit pour cela de ne pas reconnaître son semblable dans l’autre. Car seul est notre semblable celui qui appartient au même monde que nous.
Propre à l’imaginaire de chacun, de chaque parti, de chaque religion, de chaque secte, ce monde intérieur est celui de nos croyances. Quiconque ne les partage pas en est exclu.
Comment aurait-on alors conscience d’être inhumain envers des êtres dont l’humanité ne nous paraît qu’une dérision, une provocation, ou un malentendu de plus?
Rien ne paraît plus monstrueux. Rien n’est pourtant plus banal. (Présentation de l’éditeur)

mardi 8 février 2011

Le fantôme de Karl Marx

Ronan de Calan (texte), Donatien Mary (dessins)

image

Octobre 2010 – Les petits Platons – 12,50 €

La lutte des classes racontée aux enfants…

Le livre raconte l’histoire d’un drap fabriqué en Silésie. Là vivent des familles de petits paysans récemment affranchis et travaillant librement leurs lopins de terre. Mais voilà que leur production de grains est rudement concurrencée par celle des paysans de Westphalie qui utilisent des machines agricoles. Les paysans de Silésie ne peuvent plus survivre et en sont réduits à vendre leurs maisons pour aller chercher du travail à la ville... et finalement se faire embaucher dans une usine de fabrication à bas prix, située en Franconie ! Exploités, les ouvriers tisserands de l’usine finissent par se révolter et brisent leurs machines. Pour toute réponse le Roi envoie l’armée… C’est alors que l’étudiant Karl Marx s’en mêle…

Les petits Platons se présentent comme une série d’albums illustrés nous invitant à découvrir la pensée des grands auteurs de la philosophie au moyens de fictions originales. Le concept de cette collection, par ailleurs très réussie esthétiquement, ne manque pas de pertinence. Accessible aux plus jeunes lecteurs, le texte s’avère excellent et toujours stimulant philosophiquement.

Pour découvrir la collection :

http://www.lespetitsplatons.com/

Foucault, la gauche et la politique

José Luis Moreno Pestana

2011-02-08_190636

Févier 2011 – Textuel - Coll "Petite encyclopédie critique" – 9,90 €

Michel Foucault est devenu une référence centrale de la philosophie politique en général et d'une bonne partie de la gauche en particulier. Ses concepts, ses analyses, sa stature intellectuelle, son modèle militant, sont souvent revendiqués. Son oeuvre est cependant passée par différentes phases et son attitude politique fut loin d'être stable. Ce livre offre une introduction à l'orientation politique du philosophe à partir de trois grands axes : sa trajectoire sociale, le contenu politique de son oeuvre et le contexte intellectuel dans lequel il s'insère et intervient.

lundi 7 février 2011

Quand les sciences dialoguent avec la métaphysique

Pascal Charbonnat

1

Janvier 2011- Vuibert – 27 €

Un présupposé méthodologique fondamental traverse l’ensemble des sciences contemporaines : la connaissance scientifique doit être neutre sur le plan métaphysique, c’est-à-dire s’abstenir de recourir à des entités
invérifiables et transcendantes. Mais comment en faire l’économie à propos de questions comme celles de la création, de l’origine, des premiers commencements, qu’il s’agisse du monde ou des espèces ?
De la transcendance de l’origine à l’immanence des commencements, cet ouvrage expose la façon dont cette idée d’ « abstinence métaphysique »&nbsp ;est apparue en histoire naturelle au milieu du XVIIIe siècle.
Aujourd’hui la résistance des arguments créationnistes nous montre combien il est utile de faire l’histoire de cette idée. Si les sciences ne se débarrassent jamais de la question de l’idéologie, elles n’ont pas pour autant à se mêler aux théologies. Comment l’abstinence métaphysique fonde-t-elle l’indépendance des sciences, alors même qu’elle autorise ou bien un Dieu détaché de la nature, ou bien son inexistence ?
C’est à cette réflexion que nous invite Pascal Charbonnat. (Présentation de l’éditeur)

dimanche 6 février 2011

Le corps en acte. Centenaire Maurice Merleau Ponty

Alain Berthoz et Bernard Andrieu (ed.)

27000100175320L

Janvier 2011 - Presses universitaires de Nancy – 20 €

Le centenaire de la naissance de Maurice Merleau-Ponty a été l'occasion de tenir un colloque international au Collège de France les 22 et 23 septembre 2008 par les Pr Alain Berthoz (Professeur au Collège de France et titulaire de la Chaire de physiologie de la perception et de l'action) et Bernard Andrieu (Pr d'Epistémologie du corps et des pratiques corporelles à la faculté de sport de l'UHP de Nancy Université) en réunissant nos collègues Salvatore M. Aglioti, Olaf Blanke, Gilles Boëtsch, Denis Cerclet, Nathalie Depraz, Stéphanie Dupouy, Anne Fagot-Largeault, Denis Forest, Jean Gayon, Béatrice de Gelder, Julie Grezes, Gérard Jorland, Marc Jimenez, Bernard Lafargue, Dorothée Legrand, Pierre Livet, Catherine Malabou, Lionel Naccache, Jean-Luc Petit, Philippe Rochat, Michel Récopé, Emmanuel de Saint-Aubert, Richard Shusterman, Bérangère Thirioux.

Les travaux de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), titulaire de la Chaire de philosophie au Collège de France à partir de 1952 jusqu’à sa mort en 1961, sont aujourd’hui une des références sans laquelle la philosophie du corps, la physiologie de la perception et de l’action, la psychologie du développement et la modélisation in vivo des gestes n’auraient pu constituer leurs champs actuels de recherche : Schéma corporel, Image du corps, Conscience du corps, Chair, Intersubjectivité, Perception… autant de notions encore au cœur des sciences de l’homme et de la nature.

mercredi 2 février 2011

Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques

Peter Szendy

3

Février 2011 – Editions de Minuit – Collection “Paradoxes” – 19,50 €

« Kant, oui, a parlé des extraterrestres ».
Ainsi pourrait s’ouvrir ce petit traité de philosofiction (comme on parle de science-fiction). Ce qu’il s’agit avant tout d’interroger, avec ces aliens que Kant a dû prendre au sérieux comme nul autre dans l’histoire de la philosophie, ce sont les limites de la mondialisation. C’est-à-dire ce qu’il nommait le cosmopolitisme. Toutefois, avant de lire les considérations kantiennes sur les habitants des autres mondes, avant de suivre son aliénologie raisonnée, on en passe par l’analyse de la guerre des étoiles qui fait rage au-dessus de nos têtes.
Et l’on envisage d’abord les actuels traités internationaux réglant le droit de l’espace, ainsi que la figure de ces cosmopirates que Carl Schmitt a pu évoquer dans ses écrits tardifs. A suivre ensuite les allées et venues des extraterrestres dans l’oeuvre de Kant, il apparaît qu’ils sont la condition nécessaire pour une introuvable définition de l’humanité. Infigurables, échappant à toute expérience possible, ils sont pourtant inscrits au coeur même du sensible.
Ils en sont le point d’Archimède, depuis lequel se trame son partage. Lire Kant, le lire en le faisant dialoguer avec des films de science-fiction qu’il semble avoir vus d’avance, c’est le faire parler des questions qui nous pressent et nous oppressent : notre planète menacée, l’écologie, la guerre des mondes… Mais c’est aussi tenter de penser, avec lui ou au-delà, ce qu’est un point de vue. (Présentation de l’éditeur)

La profondeur des sexes. Pour une mystique de la chair

Fabrice Hadjadj

1

Février 2011 – Points – 9 €

Quel est le sens profond du sexe ? Atteindre le septième ciel ? Sans doute, et très littéralement. Religion du Dieu fait chair, le christianisme est aussi celle de la chair divinisée.
La libido est désormais un secret de polichinelle. Rien n’est moins inconscient, rien ne s’affiche davantage. Il ne faut pourtant pas se leurrer. La libération sexuelle pourrait bien être une ceinture de luxure aussi cadenassée que la ceinture de chasteté. L’hypersexualisation actuelle pourrait même cacher une haine du sexe. Comme à ses premiers siècles, le christianisme se retrouve alors aujourd’hui dans la situation singulière d’avoir à chanter la gloire du corps, la spiritualité de la chair, et à lui redonner sa dimension spirituelle.
En analysant successivement la spécificité de la sexualité humaine, le couple et la signification de l’union charnelle, puis celle de la naissance, cet essai montre en quoi la sexualité nous dépasse et tente de saisir son mystère ultime.  (Présentation de l’éditeur)

Les exigences contradictoires de la pensée philosophique

Vincent Citot

9782866457457FS

Février 2011 - Editions du Félin – 12 €

Penser n’est pas associer des idées ou vagabonder par l’esprit. C’est un effort. Notre nature nous porterait plutôt vers la croyance, le conformisme et l’obéissance. « Penser, c’est dire non », remarquait Alain : non aux apparences, non aux dogmes, non aux autorités. Telle est la première exigence de la pensée : la vigilance critique. Il s’agit de cesser de croire, au moyen d’un scepticisme bien compris. L’esprit critique est le marteau avec lequel la philosophie casse toutes les idoles.

Mais jusqu’où aller dans ce travail de sape ? Après avoir déboulonné Dieu, l’Âme et la Raison, l’intelligence réductionniste doit-elle encore s’en prendre au Sujet, à l’Homme et à la Liberté ? Ce serait prolonger la Modernité en modernisme. Le penseur affirmant l’impuissance de sa pensée ressemble à un enfant cassant son jouet. Pour penser, il faut parier dans les vertus de la pensée. Ce n’est plus de la croyance ou de l’idolâtrie, mais le principe d’une seconde exigence. L’exigence méta-critique sauve le scepticisme du nihilisme : tout ne se vaut pas. Penser, c’est aussi juger, hiérarchiser et gouverner ses idées.

On appelle scepticisme constructif l’association paradoxale de ces deux exigences, qui définit le cercle dans lequel se meut la philosophie. Chercher les conditions, les limites et les réquisits de la pensée, c’est aussi s’interroger sur la nature de la philosophie et sur la spécificité du problème philosophique.

La Philosophie de Beccaria. Savoir punir, savoir écrire, savoir produire

Philippe Audegean

2011-02-02_063714

Décembre 2010 – Ed. Vrin - Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie – 22 €

La philosophie de Beccaria est la première étude en langue française consacrée à l'ensemble de l'oeuvre de Cesare Beccaria (1738-1794). Comme Des délits et des peines est sans aucun doute l'acte fondateur de la justice pénale moderne, Philippe Audegean consacre trois chapitres à la philosophie pénale de Beccaria. Il y trouve une théorie de l'homme, une théorie de l'histoire et une théorie du droit : c'est au nom du souci tout humain de l'utile et dans le contexte des passions adoucies du monde moderne que la justice doit fonder son action sur le principe des moindres maux possibles. L'enquête s'élargit alors et se porte sur " l'autre Beccaria ", auteur moins connu d'un traité du style et d'un cours d'économie. Double intérêt de ces oeuvres importantes, qui permettent de mieux comprendre le chef-d'oeuvre de jeunesse du philosophe milanais, et apportent aussi une contribution originale à l'empirisme des Lumières et au libéralisme naissant. Renouvelant par ses thèses et sa méthode l'intelligence des Lumières réformatrices, cet ouvrage propose une interprétation globale de la philosophie de Beccaria, qui entendait non seulement réformer deux des principaux savoirs de son temps (droit pénal et rhétorique), mais aussi contribuer à la formation d'un nouveau savoir (économie politique). C'est ainsi une nouvelle dialectique des Lumières qui apparaît.