mercredi 14 décembre 2011

Le Travail sans fin. Discours et représentations à l’oeuvre

RAISON PUBLIQUE N°15 - DOSSIER COORDONNÉ PAR SYLVIE SERVOISE

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Décembre 2011

Le thème de la fin du travail traverse de multiples horizons. De la promotion d’une automatisation toujours plus avancée de la production à l’affirmation d’un « droit à la paresse », en passant par la critique écologiste du productivisme et de la société de consommation, il exprime une diversité de perspectives qui pourrait nous faire perdre de vue l’unité d’un questionnement qui interroge fondamentalement la valeur travail telle qu’elle se pose et se pense aujourd’hui. Bien loin de constituer un vecteur d’émancipation et d’humanisation, le travail serait en effet devenu cette forme d’aliénation dont il est souhaitable de se libérer. Un monde sans travail serait-il alors l’utopie de notre temps ?

Très influente dans les années 1980 et 1990, une telle perspective se nourrissait alors d’un diagnostic alarmant et juste quant à la dégradation du marché de l’emploi et des conditions de travail. Si le travail pouvait avoir un sens, nul doute qu’en auraient raison le chômage de masse, la précarisation de l’emploi et la montée en puissance d’un discours managérial intégralement soumis, au nom d’une concurrence mondialisée, à des impératifs de rentabilité économique toujours plus contraignants. Cette perspective n’épuisait toutefois pas le sens de ce qui survenait alors dans ce domaine. La raréfaction de l’emploi, la mise en cause de la condition salariale, la détérioration des conditions de travail, bien loin de le déstabiliser comme valeur et comme statut, ont entraîné son fort réinvestissement social, politique, intellectuel et culturel. Critiqué, le travail semble de fait n’avoir jamais été autant désiré. Dans le contexte de ces transformations, quel sens conserve le travail ?

C’est à ce niveau que le présent dossier se situe. Comment la question des finalités du travail est-elle appréhendée dans les discours et représentations ? Comment les sciences sociales, la philosophie, la littérature, les documentaires, les arts en général, la prennent-ils en charge, la nuancent-ils, la reconfigurent-ils ? Dans l’espace de la réflexion ici menée, tous les types de discours et d’écriture, tous les genres et toutes les disciplines ne sont pas représentés. Les chemins explorés – de la littérature au documentaire en passant par l’histoire des idées et la philosophie – offrent cependant un aperçu saisissant des problèmes que le travail pose aujourd’hui et des interrogations auxquelles il donne lieu.

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