dimanche 22 avril 2012

ALKEMIE numéro 8 : Le mal

Revue de littérature et de philosophie


L'Orecchio di Van Gogh - Associazione culturale
Via Nino Bixio 15 - 60015 Falconara Marittima (AN) - Italie

orecchiodivangogh@libero.it - ar66ch@alice.it - Tél. & fax : +390719175925 


PRÉSENTATION
par Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR

AGORA
Jacques LE RIDER, L'inexprimable singularité : quand nous ouvrons la bouche, nous parlons dans le désert. Le scepticisme linguistique de Fritz Mauthner
Ciprian VĂLCAN, Philosophes et reptiles

DOSSIER THÉMATIQUE : LE MALMarc de LAUNAY, Péché « originel » ?
Constantin MIHAI, La rédemption et le mal
Odette BARBERO, Peut-on représenter le mal ?
Pierre FASULA, Par-delà bien et mal ?
Roxana MELNICU, L'emb(a)rassement du Bien et du Mal
Pierre JAMET, Macbeth ou l'ontologie noire (Shakespeare et Nietzsche)
Massimo CARLONI, « J'ai vécu l'inexprimable ». Jean Améry et l'échec du mal

DÉS/DEUX ORDRES DU MONDE ET DU LANGAGE
Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR, Amèrement habite l'homme… Sur l'onto-poïétique de l'amertume chez Cioran
Aymen HACEN, Une poire pour la soif

EXPRESSIS VERBIS
« Je crois que la poésie participe, grâce à son lecteur, de ces accords secrets dont le visage n'est qu'amour et lumière. » (entretien avec Yves LECLAIR réalisé par Mihaela-Genţiana Stănişor)
Yves LECLAIR, Pure perte (Poèmes inédits)

ÉCHOGRAPHIES AFFECTIVES
Michel TREMBLAY, Gorgonéion
Marcelo dos Santos MAMED, La peau
Antonio DI GENNARO, Breve dialogo su Dio e sul male
Paul MATHIEU, Éclaire
Daniel LEDUC, Journal Impulsion

LE MARCHÉ DES IDÉES
Simona CONSTANTINOVICI, Hommage à une femme d'un siècle passé
Abderrahman BEGGAR, Eagleton Terry, On evil, New Haven / London, Yale University Press, 2010
Raluca ROMANIUC, E. M. Cioran, A. Guerne, Lettres (1961-1978), Éditions de L'Herne, 2011. Édition établie et annotée par Vincent Piednoir, 286 p.
Ariane LÜTHI, Histoires de jardins
Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR, L'éloge des (im)puissances humaines


samedi 21 avril 2012

Anciens et Modernes par delà nature et société

sous la direction de Stéphane Haber et Arnaud Macé


Avril 2012 - Presses Universitaires de Franche-Comté - 10 €

D’abord, la « Nature », avec ses composantes bigarrées, ses lois inexorables et ses principes aveugles ; et puis, au-dessus d’elle, la supplantant, l’écrasant, la « Société », recueil des expressions de l’ingéniosité humaine, somme des arrangements plus ou moins fiables dont nous avons convenu entre nous. Ce schéma dualiste, dans lequel se concentre une partie de l’héritage idéaliste de la pensée philosophique occidentale, a joué un rôle central dans l’autocompréhension historique de la modernité. Certains hommes seraient devenus, justement, modernes, et ils auraient conféré cette qualité éminente à leurs idées, en particulier aux savoirs qu’ils se proposaient de développer, en séparant de façon tranchante Nature et Société. Ce faisant, ils les auraient rendues, dit-on, pensables l’une et l’autre. 
Le présent ouvrage prend le contre-pied de cette conception en développant deux motifs. Premièrement : la « modernité » s’est aussi construite autour de positions qui insistaient sur l’appartenance des êtres humains à l’ordre englobant de la Nature, qui, par exemple, illustraient la continuité entre les savoirs visant le corps organique et le corps social. Deuxièmement : cette modernité-là ne rompt nullement avec l’Antiquité. Car les Grecs et les Latins n’ont pas seulement institué ce partage ; ils se sont aussi inquiétés de sa valeur et de ses limites – ils l’ont discuté, déplacé, dissout, refondé, à mesure qu’ils entendaient justifier de nouveaux savoirs, les séparer d’autres ou les unir en de nouvelles continuités. Ainsi se substitue à la césure moderne le temps long d’une histoire où la multiplicité des façons de faire et de défaire cette frontière accompagne depuis l’Antiquité la production des savoirs. Nous héritons dès lors d’une autre histoire que celle que nous nous sommes racontée. 
Faudra-t-il renoncer à trier les êtres ou les processus selon qu’ils paraissent relever plutôt de l’existence naturelle ou de l’artificialité sociale ? Il suffira de désinvestir ce geste : lui rendre sa juste mesure, celle de n’être qu’un moyen, tout aussi utile que le geste opposé, lorsque l’on veut faire paraître des objets de pratique ou de connaissance, selon leurs discontinuités plutôt que leurs continuités. Aucune thèse dogmatique ne sort donc du travail de déprise auquel incite cet ouvrage. Peut-être une conviction : l’avenir de notre interprétation philosophique du « social » tiendra probablement beaucoup à notre capacité à le rapprocher du « naturel », c’est-à-dire à dévoiler la masse des liens d’appartenance, de dépendance, de continuité, d’analogie, d’entrelacement, qui le rattachent à ce que l’on avait pris à tort pour son autre absolu.

jeudi 19 avril 2012

Oralité et Écriture chez Platon

Sous la direction de Jean-Luc Périllié


4è trim 2011 - Éditions Ouisa, collection Cahiers de philosophie ancienne n°22

D’après un rapport d’Aristote, Platon aurait élaboré des doctrines non écrites (agrapha dogmata). D’autres rapports nous délivrent quelques aperçus sur ces doctrines non apparentes dans les dialogues. Nous savons aussi que, dans le Phèdre, Platon se livre à une critique radicale de l’écrit, qu’il considère comme un simulacre (eidôlon) du discours véritable, qui est oral. Il a même précisé dans la Lettre VII qu’un savoir (mathèma) portant sur les choses les plus grandes (ta megista), de sa part, n’a jamais été et ne sera jamais couché par écrit. Par conséquent, aborder le thème général du rapport entre oralité et écriture chez Platon nous amène prioritairement à prendre en considération ces témoignages tout à fait inattendus, et même littéralement stupéfiants : Platon semble dès lors appartenir à un autre monde, par le fait même qu’il n’aurait pas jugé nécessaire de publier par écrit sa plus haute philosophie. Or une telle approche du rapport entre oralité et écriture chez Platon, qui prend pourtant appui sur un certain nombre de témoignages directs et indirects, est loin d’être admise par l’ensemble des spécialistes du platonisme. Une très vive querelle a divisé, et continue encore de diviser les historiens, les uns, ayant été appelés « ésotéristes », prenant très au sérieux ces documents, les autres, « anti-ésotéristes », les rejetant systématiquement ou cherchant à en minimiser l’importance. L’objet de cet ouvrage collectif est de faire le point sur l’état de la question, et d’examiner s’il n’est pas possible de dégager des pistes nouvelles susceptibles de faire avancer les discussions et la réflexion sur ce qu’est réellement le platonisme.

Cahiers Philosophiques n°129 : Ravaisson

2ème trimestre 2012




Présentation

Dans une lettre de l’été 1839, Ravaisson fait part de son intention de « se mettre à labourer le champ abandonné de la métaphysique française ». Le philosophe partage avec son prédécesseur Victor Cousin la conviction qu’il faut en finir avec le prestige de la pensée kantienne. Par la limitation de la connaissance possible aux seuls phénomènes, la philosophie critique a en effet conduit la métaphysique sur la voie d’un scepticisme absolu et ainsi à sa ruine.
Penser n’est pas représenter mais il nous est difficile d’échapper à la prééminence de la conscience, de contrer cette croyance que nous connaissons des phénomènes par le biais de nos représentations. Atteindre les choses en elles-mêmes, pénétrer et dire l’intimité de leur essence, telle est la tâche qui incombe à la métaphysique. Elle doit opérer une conversion du regard, substituer à l’abstraction intellectuelle « la concrétisation de figures individuelles, actives et jaillissantes ».
Ce numéro présente plusieurs lectures de la philosophie de Ravaisson. Il contient également la traduction, inédite en français, de la thèse latine du philosophe “La doctrine de Speusippe sur les premiers principes selon le témoignage d’Aristote”.


Sommaire 

Nathalie Chouchan, Editorial, pp. 3-4 
Andrea Bellantone, “Ravaisson : le ‘champ abondonné de la métaphysique’”, pp. 5-21 
Bertrand Noailles, “La portée ontologique et épistémologique de l’art dans la philosophie de Ravaisson, pp. 22-42
Claire Marin, “Ravaisson, une philosophie du rythme”, pp. 43-56

Les introuvables des Cahiers

Felix Ravaisson, “La doctrine de Speusippe sur les premiers principes selon le témoignage d’Aristote”, pp. 68-96. Traduction de la thèse latine de Ravaisson de 1848 par Alain Petit et Pierre Ponchon. Précédée d’une introduction d’Alain Petit, “Le symptôme Speusippe : le spectre de l’émanatisme dans la pensée métaphysique de Ravaisson”, pp. 57-65

Situations 

Sébastien Charbonnier, “Emancipation et jeu de langage”, pp. 97-102. 
Frank Burbage et Pierre Lauret, “Enseignement de la philosophie et émancipation : quelques interrogations”, pp. 103-107. 

Notes de lecture 

Pierre Ponchon, recension de Cornelius Castoriadis, Thucydide, la force et le droit. Ce qui fait la Grèce, 3. Séminaires 1984-1985, La création humaine IV. Le Seuil, 2011.
Stéphane Marchand, recension de Daniel Delattre et Jackie Pigeaud, Les Epicuriens, Paris, Gallimard, 20120, “Bibliothèque de la Pléiade”.

L'Année Mosaïque, n°1 (2012): Objets qui nous hantent, objets qui nous tentent. Nouvelles technologies, arts, philosophie.

Numéro coordonné par Loïc Nicolas (FNRS-ULB) et Aline Wiame (FNRS-ULB)


E.M.E. - Avril 2012



Dossier thématique

"Introduction", Loïc Nicolas et Aline Wiame, p. 5.

"Des objets communiquants à l'imaginaire social de la rationalisation: un objet de recherche entre aspects matériels et symboliques de l'intrconnexion des TIC", Iwan Barth, p. 9.

"De l'objet bouleversant à L'objet à travers les âges. Evolutions de la conception et de l'utilisation de l'objet chez Marcel Mariën et Christian Dotremont", Marie Godet, p. 31.

"L'objet sonore et la musique", Benjamin Straehli, p. 51.

"Bon pied, bon oeil! Expériences fétichistes de l'objet à l'épreuve de la danse", Fleur Courtois-l'Heureux, p. 71.

"La vie publique des choses - Objets et choses de William James", Thierry Drumm, p. 97.

"L'objet par l'image selon Fichte. La constitution génétique de l'objectivité dans laWissenschaftslehre de 1813", Augustin Dumont, p. 115.

"Au-delà de l'être et du non-être: les origines de la Gegenstandstheorie meinongienne dans la tradition philosophique autrichienne", Sébastien Richard, p. 135.

"L'objet et le système conceptuel", Julien Maréchal, p. 155.

Varia

"La lente émancipation de l'orchestre dans le motet à grand choeur versaillais", Fabian Balthazart, p. 179.

"Magie et constitution chez le premier Sartre. Vers une figure de la néantisation", Nathanaël Masselot et Gautier Dassonneville, p. 201.

Comptes rendus

"Georges Didi-Huberman, Le remontage du temps subi. L'oeil de l'histoire tome 2", Natacha Pfeiffer, p. 219.

"Etienne Bimbenet, L'animal que je ne suis plus", Valérie Glansdorff, p. 220.

L'Avenir de l'origine. Genèse de la mondialisation

Serge Airaudi


Avril 2012 - Descartes & Cie - 18 €

Il y a une différence profonde entre globalisation - surtout financière et technologique - et mondialisation.
Cette dernière met en jeu des facteurs historiques, culturels, environnementaux qui résistent à la globalisation. Ainsi, le rapport entre le modèle de l'entreprise et la société n'est pas le même en Europe, aux Etats-Unis, en Chine... La démarche de Serge Airaudi s'inscrit dans des savoirs plus larges que les disciplines de gestion, en particulier la sociologie et la philosophie (qui est sa formation première).
Savoirs qu'il confronte à son expérience professionnelle auprès des dirigeants d'entreprise et à sa connaissance du monde asiatique. Son ouvrage ne fonde donc pas seulement une approche différente de l'art de gérer une entreprise dans un univers mondialisé. Reprenant une formule souvent utilisée par Edgard Morin : "l'origine est devant nous", il propose une refondation de l'ordre économique et de son insertion dans la société.

Théorie quantique et philosophie transcendantale. Dialogues possibles

Patricia KAUARK-LEITE


Avril 2012 - Hermann - 34 €

Se concentrant sur les différences entre la constitution de l'objectivité dans la mécanique classique et dans la mécanique quantique, cet ouvrage explore les interprétations transcendantales de la théorie quantique standard.
Patricia Kauark-Leite y examine les changements épistémologiques apportés par la physique quantique pour vérifier si la philosophie transcendantale est toujours valide. Elle dresse un bilan des différentes approches transcendantales, montrant les modulations des principes a priori pour expliquer le problème de l'objectivation en mécanique quantique. En conclusion, elle défend et adopte une interprétation pragmatique transcendantale, dont la tâche principale est de donner une justification philosophique à la dimension nécessairement intersubjective de l'objectivité quantique.




mardi 17 avril 2012

Petite Poucette

Michel Serres


Mars 2012 - Le Pommier - "manifestes" - 9,50 €


Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer ! 
Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, tout aussi majeure, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises.
De l’essor des nouvelles technologies, un nouvel humain est né : Michel Serres le baptise « Petite Poucette » – clin d’œil à la maestria avec laquelle les messages fusent de ses pouces.
Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra le triomphe de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique…
Faisons donc confiance à Petite Poucette pour mettre en œuvre cette utopie, seule réalité possible !

dimanche 15 avril 2012

Figures de phénoménologie. Husserl, Heidegger, Levinas, Henry, Derrida

Jean-Luc Marion


Avril 2012 - Vrin - 19 euros

Dans le triptyque, ouvert par Réduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie, assuré dans Étant donné. Essai d'une phénoménologie de la donation et complété avec De Surcroît. Études sur les phénomènes saturés, nous avons procédé assez globalement pour qu’on nous permette ici de rassembler après-coup certains des travaux qui l’ont préparé et qui ont pris une importance renforcée lorsqu’il se fut agi de prolonger la phénoménalité de la donation par la description du phénomène érotique (Le phénomène érotique) ou de l’appliquer herméneutiquement à une œuvre théologique (Au lieu de soi. L’approche de saint Augustin).
Ainsi reconnaîtra-t-on ici des recherches historiques sur le dépassement de l’horizon de l’objectité du phénomène imposé par la notion, nécessaire mais d’abord incomprise, de donation, où Husserl et Heidegger ont repris et enfin abordé de front ce qui, pour tous les néo-kantiens, restait une pierre d’achoppement. Puis on trouvera deux moments d’une discussion avec Emmanuel Levinas, commencée dès L’idole et la distance et les Prolégomènes à la charité mais restée en suspens, sur la légitimité de recourir à l’amour comme à un concept. Deux autres débats furent aussi essentiels, tant Henry et Derrida ont conduit plus avant dans la compréhension des questions de l’invisibilité phénoménale et de l’impossibilité comme une ouverture. Enfin les trois dernières études, en discussion serrée avec tous, fixent l’accès au soi par autrui, l’émergence du tiers comme second autrui accomplissant l’évasion hors de soi, et à la fin l’irréductible par excellence, celui que toute réduction atteste négativement.

samedi 14 avril 2012

Rêveries métaphysiques d'un solitaire de Champagne précédées de son "Tintinnabulum naturae" et suivies de quelques poésies en pièces fugitives.

Jacques-Antoine Grignon des Bureaux , Sylvain Matton , Cédric Grimoult , Jean-Marc Mandosio


Mars 2012 - Honoré Champion - 70 euros

Ce volume rassemble la totalité des écrits — dont de nombreux inédits — de Jacques-Antoine Grignon des Bureaux (1714-1796), un des philosophes les plus énigmatiques du XVIIIe siècle. Il s’agit en effet d’un auteur non seulement méconnu, mais même, en un sens, absolument inconnu jusqu’à ce jour, puisqu’on ne le connaissait que sous son pseudonyme de « Solitaire de Champagne ». Pourtant la prise en compte de son existence et de son oeuvre a de quoi ébranler bien des idées reçues sur les Lumières radicales et les métamorphoses de la pensée matérialiste : c’est sans doute chez lui qu’il faut aller chercher la première émergence d’un transformisme évolutionniste sans complexe comme la première intuition d’une ontologie de la globalisation, tous deux fondés sur un panchronisme qui fait du temps le principe de toutes choses ; et il suffit de mentionner le sous-titre de son principal ouvrage, « Rêveries d’un individu semi homme, semi bête engendré d’une Négresse et d’un Orang-Outang » pour mesurer l’originalité de la forme littéraire qu’il sait donner à ses idées révolutionnaires.

L’introduction de Sylvain Matton retrace l’histoire de sJaa découverte des textes du « Solitaire de Champagne » et le travail de détective qui a conduit à son identification, tandis que des études de Jean-Marc Mandosio, de Cédric Grimoult et d’Yves Citton aident à saisir l’originalité et la puissance de cet écrivain déroutant. Ces travaux de recherche et de réflexion permettent ainsi de lire dans les meilleures conditions possibles un auteur appelé à prendre une place de choix parmi les génies mineurs dont les recoins obscurs du siècle des Lumières ont trop longtemps gardé le secret.

Penser la République, la guerre et la paix. Sur les traces de Jean-Jacques Rousseau

Gabriel Galice et Christophe Miqueu


Mars 2012 - Slatkine - 26,50 €

Trois cents ans après sa naissance, Jean-Jacques Rousseau fait partie de ces philosophes qui font puissamment réagir et réfléchir. Penseur atypique, le « Citoyen de Genève » occupe une place à part dans le paysage intellectuel mondial. Sa notoriété fluctue au cours des périodes de l’histoire. Elle est un baromètre de nos espoirs ou désespoirs. Ce livre visite un aspect particulier de son oeuvre : sa relation aux thèmes de la République, de la guerre et de la paix. Le pacte social républicain à l’intérieur, la Confédération à l’extérieur sont, selon Jean-Jacques Rousseau, deux modalités complémentaires de l’apaisement. Il s’avère que Rousseau est bel et bien, en ces domaines aussi, un « anticipateur-retardataire ». Pour être au plus près de sa pensée vagabonde, toutes les entrées de cet ouvrage pourront se lire en continu ou de manière autonome, et s’apparentent à des chemins à emprunter, qui partent d’une même boussole nous guidant à travers un Rousseau républicain pacifiste.

lundi 9 avril 2012

Le concept hégélien de l'action

Michael Quante


Avril 2012 - Editeur : : PU Rennes - Collection : Philosophica - 17 €

Le livre que voici confronte deux traditions philosophiques que l'on présente volontiers comme antagoniques.
La pensée dialectique et la pensée analytique ont leur langue, leurs concepts, leur méthode propres ; mais elles sont aussi traductibles. [intention de Michael Quante est précisément de parvenir à une synthèse de leurs concepts fondamentaux et de contribuer ainsi à l'unification du débat philosophique. Il montre que l'idéalisme allemand possède une théorie de l'action au sens de la philosophie contemporaine, et que cette théorie pourrait même déjouer certains pièges métaphysiques auxquels la philosophie analytique n'aurait pas échappé.
L'enjeu de l'ouvrage consiste à reconstituer et à discuter la théorie hégélienne de l'action à partir de la philosophie pratique, plus précisément à partir du "Chapitre sur la moralités de la Philosophie du droit. Cela ne signifie pas pour autant l'appréhender du point de vue "philosophico-moral". Quante analyse le concept de l'action et ses présupposés dans la progression logique du livre de Hegel, mais en amont des considérations sur le "bien" et le "mal", sur la "conscience" et sur "l'autonomie" du sujet.
C'est dans cet espace étroit de la moralité qui n'est pas encore morale qu'il cherche à capturer le concept de l'action. Tous les concepts de la moralité vont être réinterprétés ici d'un point de vue actio-théorique moralement neutre : la "volonté", la "liberté", la "subjectivité", "l'intention", le "bien-être" et même, et surtout, le concept de "responsabilité". Quante refuse néanmoins d'aborder la théorie de l'action en partant des présupposés du système hégélien et particulièrement de la logique spéculative.
Il insiste au contraire pour que son livre soit lisible même par ceux qui n'admettent pas de tels présupposés.      

dimanche 1 avril 2012

NON PAS : VOTER POUR QUI, MAIS : POURQUOI VOTER ?

Revue lignes n°37


Février 2012 - Editions Lignes - 20 €

Contributeurs: Charles Alluni, Jean-Loup Amselle,François Athané, Véronique Bergen, Gérard Briche,Jacques Brou, Cécile Canut, Robert Cantarella, Hervé Carn, Jean-Paul Curnier, Yves Dupeux, Isabelle Garo,Philippe Hauser, Rémi Hess, Alain Hobé, Pierre-Damien Huyghe, Olivier Jacquemond, Anselm Jappe, Alain Jugnon, Jérôme Lèbre, Laurent Margantin, Serge Margel, Gérard Mauger, Alain Naze, Jean-Luc Nancy,Frédéric Neyrat, Bernard Noël, Catherine Paoletti, Plínio Prado, Rodolphe Bruneau-Boulmier, Jacqueline Risset,Louis Sala-Molins, Pierre Sauvêtre, René Schérer,Michel Surya, Fabien Tarby, Sébastien Thiery, Stavros Tombazos, Christiane Vollaire, Sophie Wahnich

À l’approche de l’élection présidentielle, Lignes consacre ce numéro à une enquête menée auprès d’intellectuels et d’écrivains sur l’opportunité même du vote. Présentation de l'éditeur

Comment pour Lignes intervenir dans l’élection présidentielle ? Pas, certes, en soutenant tel ou tel candidat, seule façon pourtant d’y intervenir suivant la règle qui est la sienne. Non, mais en entreprenant une vaste enquête, sollicitant tout ce que la revue compte d’amis et de collaborateurs. Et en leur posant la question qu’annonce, non sans provocation, son titre : « Non pas : voter pour qui ? Mais : pourquoi voter ? » En les invitant à supposer que, pour eux aussi, la question n’est pas tant celle de savoir pour qui ils voteront (et la plupart voteront sans doute) que celle de savoir pourquoi ils voteront une fois encore. Ce que cela peut dire pour eux de voter. Quelle croyance ils placent encore dans le processus par lequel l’occasion et le moyen leur seront ou non donnés de placer à la plus haute place de l’exécutif (en régime présidentialiste) l’homme ou la femme (et la majorité législative qui va avec) qui appliquera la politique de leurs vœux.

La question semble pourtant tranchée : les élections fondent la démocratie. Ce qu’on peut dire autrement : il n’y a de démocratie qu’élective. Une telle affirmation ne va pas de soi pourtant. Elle compte par exemple pour rien ceux qui ne votent pas (s’abstiennent) ou votent blanc ; lesquels ne sont pas pour autant hostiles à la démocratie ; elle fait fi de ceux qui votent contre (on se souvient du « Tout sauf Sarkozy » de 2007, succédant au « Tout sauf Le Pen », de 2002), lequel vote fait moins une démocratie qu’elle ne cherche à empêcher qu’elle se défasse. Surtout, elle présuppose que le choix entre les personnes établit une distinction sensible entre des politiques. Que ce n’est pas du tout la même chose selon qu’on vote pour l’un ou pour l’autre (par exemple pour l’un ou l’autre des deux grands partis majoritaires, ceux autour desquels se constituent les alliances de second tour). Or l’expérience à durablement démontré que tel était loin d’être le cas : dans les grandes lignes, la politique conduite par la gauche à chaque fois qu’elle fut en mesure de gouverner (président plus Premier ministre, ou Premier ministre contre président) était la même que celle dont elle avait pris la place – de la droite. La promesse est une nouvelle fois faite du contraire. Mais qui peut la croire ? qui croira que se décide « dans un seul pays » (comme on disait jadis du socialisme) une politique que ne contraignent pas, que n’impartissent pas les pactes, les traités, les alliances, etc. Les marchés, surtout.

Supposons donc que c’est une forme imprévue de croyance. Cette enquête ne cherchera pas autre chose que de savoir qui la partage encore et qui ne la partage plus. Une centaine d’intellectuels sera pour cela sollicitée.